Reporters sans frontières demande l'ouverture d'une enquête parlementaire sur une affaire d'espionnage de journalistes

Le chef des services de renseignements démissionne Le 17 septembre, le Premier ministre Beatriz Merino a annoncé, au cours d'une conférence de presse, que le gouvernement avait accepté la démission d'Alfonso Panizo Zariquiey, à la tête du CNI. Elle a rappelé que ce n'était pas l'intention du gouvernement de surveiller les journalistes. M. Panizo sera remplacé par le général à la retraite Daniel Mora Zevallos. Il est le septième à être nommé à ce poste en deux ans. _______________________________ 16.09.2003 Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par les révélations du 14 septembre 2003 de l'émission "La ventana indiscreta", diffusée sur la chaîne privée Frecuencia Latina, selon lesquelles les services de renseignements péruviens (Consejo Nacional de Inteligencia, CNI) ont espionné plusieurs de ses journalistes ainsi que des professionnels d'autres chaînes. "Les actes imputés au CNI sont graves car ils mettent en danger le secret des sources, véritable pierre angulaire de la liberté de la presse et du journalisme d'investigation", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières dans une lettre adressée à Henry Pease García, président du Congrès péruvien. L'organisation a demandé à ce dernier l'ouverture d'une enquête parlementaire sur cette affaire. "Il est irrecevable que M. Alfonso Panizo Zariquiey, président du CNI, tente de justifier la nécessité pour le CNI d'identifier les auteurs de fuites au sein de cette institution par des méthodes totalement illégales et illégitimes", a commenté Reporters sans frontières. Le 14 septembre 2003, l'émission "La ventana indiscreta" ("La fenêtre indiscrète"), a publié deux rapports attribués au CNI mettant en cause cette institution dans l'espionnage de plusieurs journalistes. Le premier, intitulé "Enrique 2003", daté du 18 août 2003, révèle l'existence d'un plan visant à identifier les fonctionnaires qui fournissent à la presse des informations classées sur les dirigeants du CNI. Le rapport compile plusieurs informations (antécédents, diplômes, adresses, téléphones, courriers électroniques…) sur les membres de l'équipe de "La ventana indiscreta", dirigée par Enrique Flor Zappler. Il accuse également ce dernier d'avoir fait appel à des entreprises privées de sécurité, avec la complicité d'un magistrat, pour effectuer des écoutes téléphoniques de fonctionnaires et de hauts responsables du CNI. Le deuxième rapport, intitulé "Enrique II", détaille la surveillance dont est l'objet Enrique Flor Zappler par le CNI. Il indique également qu'une "enquête détaillée" des appels passés et reçus depuis les bureaux de l'émission de télévision a été menée. Cecilia Valenzuela, animatrice de l'émission, a également affirmé que les journalistes suivants étaient également l'objet de surveillance : Cesar Hildebrandt, animateur de l'émission "La Boca del Boco" ("La gueule du loup") diffusée sur Frecuencia Latina ; Juan Carlos Tafur, directeur du quotidien Correo, et Jaime de Althaus, animateur de l'émision d'information "La Hora N", diffusée sur la chaîne par câble Canal N. Dans un entretien publié par le quotidien El Comercio, le 15 septembre, Alfonso Panizo Zariquiey, président du CNI, a reconnu l'authenticité des rapports publiés par la chaîne de télévision, en expliquant que son institution ne souhaitait pas s'en prendre à la presse mais recherchait l'identité de ceux qui, en son sein, se rendaient coupables de fuites d'informations vers la presse. "Les rapports diffusés par l'émission de Cecilia Valenzuela ont été publiés par du personnel de cette institution qui souhaite avoir ma tête et déstabiliser le CNI", a déclaré le chef du CNI sur Canal N. Il a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les auteurs des rapports dont il a déclaré ne pas avoir eu connaissance auparavant.
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Updated on 20.01.2016