Reporters sans frontières demande la libération sous caution d'Ali Mohaqiq Nasab

Reporters sans frontières conteste vivement l'arrestation et la détention d'Ali Mohaqiq Nasab, rédacteur en chef du mensuel Haqoq-e-Zan (Droits des femmes). Il a été arrêté, le 1er octobre 2005, sur ordre du procureur général de Kaboul suite à des pressions de leaders conservateurs et sans aucune consultation de la Commission d'évaluation des médias « Si la presse est tenue de respecter la religion officielle de l'Afghanistan, certaines autorités ne peuvent pas s'accorder le droit d'arrêter ceux qui expriment pacifiquement leurs opinions sur l'islam. Par ailleurs, nous regrettons qu'une fois de plus les autorités n'aient pas respecté les lois en vigueur pour les délits de presse », a affirmé Reporters sans frontières. Reporters sans frontières demande au Bureau du procureur de procéder dans les meilleurs délais à la libération sous caution d'Ali Mohaqiq Nasab. L'organisation rappelle que le journaliste ne représente aucun danger pour la sécurité du pays. Ce n'est pas la première fois que des leaders religieux obtiennent l'arrestation de journalistes. En août 2003, Sayeed Mahdawi et Ali Reza Payam, journalistes de l'hebdomadaire Aftab, avaient été arrêtés puis menacés d'une condamnation à mort par la Cour suprême suite à des articles dénonçant les extrémistes religieux. Cette fois, deux articles d'Ali Mohaqiq Nasab ont tout particulièrement provoqué la colère de religieux chiites. Le premier critiquait la sévérité de la loi islamique, notamment la sanction des cent coups de fouet infligée aux coupables d'adultère. Le second article suggérait que l'abandon de l'islam ne pouvait être considéré comme un crime. Les conservateurs afghans font actuellement campagne pour que les peines prévues par la Charia soient appliquées. Certaines personnalités conservatrices sont intervenues auprès de Mohaiuddin Baluch, conseiller religieux du président Hamid Karzaï, pour que des sanctions soient prises contre Haqoq-e-Zan. Ce proche du chef de l'Etat a jugé que ces articles étaient « directement contraires aux principes du Coran ». Le président de la Cour suprême aurait demandé au procureur général d'ouvrir une enquête. C'est ce dernier qui a alors ordonné l'arrestation d'Ali Mohaqiq Nasab. D‘abord détenu au commissariat de police de Kaboul, Ali Mohaqiq Nasab a été transféré à la prison centrale de Kaboul après un premier interrogatoire. Selon le procureur, Ali Mohaqqiq Nasab, âgé de 50 ans, ne possédait pas de document d'identité afghan. Rahimullah Samander, président de l'Association des journalistes indépendants afghans (AIJA), a rendu visite au journaliste en prison le 3 octobre. Ce dernier lui a déclaré qu'il était prêt à prouver que ses articles n'allaient pas contre l'islam. L'AIJA s'est porté garante auprès du procureur afin d'obtenir une libération sous caution d'Ali Mohaqqiq Nasab. La mission des Nations unies en Afghanistan (UNAMA) est également intervenue auprès du gouvernement afghan en faveur du journaliste. L'arrestation d'Ali Mohaqiq Nasab est illégale au regard de la procédure. En effet, toute affaire de presse doit d'abord passer devant la Commission d'évaluation des médias, composée de 17 membres, qui a également le pouvoir de faire incarcérer un journaliste.
Publié le
Updated on 20.01.2016