Reporters sans frontières demande la libération de Revaz Okruashvili

Revaz Okruashvili, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Khakhis Gazeti (Le journal du peuple) de Gori (environ 70 km de Tbilissi), a été placé en détention provisoire, le 4 août, pour une durée de trois mois. Reporters sans frontières s'inquiète de cette arrestation dont la légalité est contestée. L'organisation est d'autant plus sceptique par rapport au bien-fondé de cette arrestation qu'il s'agit d'un journaliste connu pour ses articles dénonçant les autorités locales. "Nous vous demandons de veiller à ce que la procédure soit rigoureusement respectée dans cette affaire," a demandé l'organisation dans un courrier adressé au procureur général Zurab Adeishvili avant de poursuivre : "En effet, de nombreux soupçons planent sur la réalité des faits reprochés. Au regard des vices de forme déjà constatés, et dans l'attente de preuves avérées pour étayer les accusations, nous vous demandons de remettre Revaz Okruashvili en liberté." Le 2 août au soir, le journaliste Revaz Okruashvili a été interpellé, mis à terre et menotté alors qu'il se rendait au siège de son journal. Il est accusé de trafic de drogue et de détention illégale d'armes. La police a déclaré avoir trouvé 0,29 grammes d'héroïne sur le suspect. Selon l'avocat du journaliste, Mamuka Nozadze, cette arrestation est illégale car elle comporte de nombreux vices de forme. Ainsi, l'examen médical n'a pas prouvé la version de la police qui affirmait que le journaliste avait consommé de la drogue. Au même moment, les bureaux de Khakhis Gazeti ont été perquisitionnés. Les forces de police ont affirmé y avoir trouvé deux sachets d'héroïne. Toutefois, cette découverte a été faite alors que les policiers se trouvaient seuls dans la pièce, ce qui invalide légalement les résultats de la perquisition. De plus, les employés ont affirmé que la police n'a ouvert aucun tiroir. La drogue aurait été découverte sur un plateau à café. Enfin, selon la loi géorgienne, les forces de police sont tenues de montrer le rapport de la perquisition aux personnes intéressées, ce qui n'a pas été fait. La police a également perquisitionné le domicile du journaliste. Son épouse, Nino Dalakishvili, journaliste de la chaîne de télévision locale Trialeti, a affirmé que des policiers s'étaient présentés sans mandat de perquisition, qu'ils ont obtenu deux heures plus tard. La police a saisi un fusil de chasse ayant appartenu à un proche, ainsi que des cartouches. L'épouse de Revaz Okruashvili a déclaré : "Mon mari n'a jamais touché aux drogues ni aux armes(…). Toute la ville le sait. Il a vendu sa maison pour financer le journal, il a même contracté des dettes. Cette accusation est totalement absurde et insultante." Selon elle, son arrestation est due aux nombreux articles qu'il a publié dénonçant les activités des autorités locales. Depuis l'arrestation de Revaz Okruashvili, de nombreuses protestations émanant de la société civile et des médias de la région se sont élevées pour dénoncer ce qui constitue "une provocation ouverte" dirigée contre la presse indépendante. Selon Vasil Guleuri, rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Khakhis Gazeti, les derniers articles du journal au sujet de Mikhael Kareli, représentant du président Saakashvili dans la région, ont particulièrement agacé les autorités. "De plus, nous rendons compte régulièrement des atteintes aux droits de l'homme imputables aux autorités, ainsi que de la façon dont les subventions présidentielles sont dépensées." Le 5 août, au cours de sa seconde conférence de presse de soutien, le président de l'Association des jeunes avocats de Géorgie, Tinatin Khidasheli, a déclaré : "Revaz Okruashvili a été arrêté uniquement parce qu'il est le rédacteur en chef du journal le plus critique de la région de Shida Kartli."
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Updated on 20.01.2016