Reporters sans frontières demande au président Rafael Correa de retirer sa plainte pour "outrage" contre un journaliste
Reporters sans frontières a demandé, dans une lettre ouverte au président de la République Rafael Correa, de retirer sa plainte pour “outrage” déposée contre Francisco Vivanco, directeur du quotidien La Hora. Selon le code pénal, le journaliste encourt une peine de six mois à deux ans de prison et une forte amende.
Monsieur Rafael Correa
Président de la République de l'Équateur Monsieur le Président, Reporters sans frontières s'inquiète de la procédure en justice pour “outrage” que vous avez engagée, le 10 mai 2007, contre le directeur du quotidien La Hora, Francisco Vivanco, après la publication d'un éditorial qui vous mettait en cause - intitulé “Vandalismo oficial” -, le 9 mars 2007. Le journaliste risque, selon l'article 230 du code pénal, une peine allant de six mois à deux ans de prison et une lourde amende. Francisco Vivanco vous avait reproché dans cet article de “gouverner de manière tumultueuse, avec des pierres et des bâtons”, en évoquant les récents affrontements entre partisans et opposants à votre gouvernement. Vous avez vous-même proposé au directeur de La Hora de présenter des excuses publiques, moyennant quoi vous retireriez votre plainte, ce que Francisco Vivanco a refusé. A la lecture de l'éditorial “Vandalismo oficial”, nous estimons qu'une procédure pour “outrage” est largement disproportionnée. Nous regrettons que ce délit d'un autre âge soit passible d'une peine de prison. Une démocratie, où les élus s'exposent par définition à la critique publique, ne peut s'accommoder du délit d'“outrage au chef de l'État” et une condamnation pénale de Francisco Vivanco constituerait un dangereux précédent pour les journalistes équatoriens. Nous nous inquiétons enfin de vos récentes déclarations envers une presse que vous jugez “corrompue et médiocre”. Aussi, nous vous demandons, au nom de la liberté d'expression et du pluralisme éditorial, de retirer votre plainte contre Francisco Vivanco. Je vous remercie de l'attention que vous porterez à cette demande, et je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération. Robert Ménard
Secrétaire général