Reporters sans frontières demande au ministre de l'Intérieur de retrouver les auteurs des attentats contre le quotidien Cumhuriyet

Le siège du quotidien d'extrême gauche Cumhuriyet a été victime de trois attentats à la bombe en moins d'une semaine. Le 11 mai 2006, trois individus, dont l'un possédait une arme à feu, ont lancé une grenade vers les locaux de la rédaction à Istanbul. Un périmètre de sécurité avait déjà été mis en place devant le bâtiment. Des gardes ont ouvert le feu sur les assaillants. L'explosion n'a pas fait de victimes, mais des dégâts matériels importants. Les vitres des deux premiers étages du bâtiment ont été soufflées et trois voitures endommagées. « Nous sommes particulièrement inquiets de cette vague de violence qui touche un quotidien d'opposition. Les médias de gauche et d'extrême gauche souffrent de leur liberté de ton et de leurs opinions laïques. Deux journalistes de Cumhuriyet ont déjà été tués dans des attentats à la bombe en 1993 et 1999. Nous demandons au ministre de l'Intérieur, Abdulkadir Aksu, de tout faire pour retrouver les auteurs de ces nouveaux actes de terreur», a déclaré Reporters sans frontières. Deux attentats manqués avaient déjà été perpétrés contre les locaux du quotidien, quelques jours auparavant. Une grenade avait été jetée, le 10 mai, dans le jardin du journal. L'engin n'avait pas explosé en raison d'un système de déclenchement défectueux. Un attentat similaire s'était produit le 5 mai mais, là encore, la grenade n'avait pas explosé car sa goupille n'avait pas été complètement retirée. La chef de la police d'Istanbul, Celalettin Cerrah, s'est rendu dans les locaux du quotidien pour constater les dégâts. Une unité spéciale de la section antiterroriste a été créée pour enquêter sur l'affaire et les images prises par la caméra de surveillance du journal sont également en cours d'analyse. Le ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il suivrait de près l'évolution de l'enquête. Au lendemain de l'explosion, les journalistes de Cumhuriyet ont repris le travail. La sécurité a été renforcée autour du bâtiment. Contacté par Reporters sans frontières, Mehmet Sucu, rédacteur en chef du quotidien, a déclaré que la rédaction ne cesserait pas ses activités : « Ils ont voulu nous intimider, au lieu de cela, ils nous ont rendus plus forts ». Le 21 octobre 1999, Ahmet Taner Kislali, professeur d'université et éditorialiste au quotidien Cumhuriyet, avait été tué dans l'explosion d'une bombe devant son domicile à Ankara. L'un de ses collègues, Ugur Mumcu, avait lui aussi été victime d'un attentat à la bombe en 1993.
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Updated on 20.01.2016