Un journaliste tadjik réfugié en Russie depuis plusieurs années a reçu des menaces de mort de la part d'inconnus. Reporters sans frontières prend très au sérieux ces intimidations et demande au ministre de l'Intérieur russe de garantir sa sécurité.
Le 19 juin 2006, Reporters sans frontières a été informée des menaces de mort reçues par Dodojon Atovulloev, directeur tadjik du mensuel Chagory Rus, basé à Moscou. Le journaliste a déclaré à l'organisation que des inconnus l'appelaient régulièrement sur son téléphone portable et à son bureau depuis environ deux semaines. Des voix d'hommes lui demandent, dans le jargon des bandits de la région, de “se taire” et promettent de s'en prendre à lui s'il continue de publier des articles. Récemment, un inconnu s'est présenté devant la porte de son appartement, demandant à lui parler et refusant de donner son identité. Dodojon Atovulloev met ces menaces sur le compte des deux derniers numéros de son mensuel qui contenait un poème très critique à l'égard du président de la République du Tadjikistan, Emomali Rakhmonov.
« Nous sommes particulièrement inquiets pour la sécurité de Dodojon Atovulloev. Nous prenons très au sérieux les menaces proférées contre lui par des inconnus. Le journaliste est particulièrement exposé du fait de ses positions critiques à l'égard des dirigeants de son pays et de leurs relations avec les autorités russes. Ce n'est pas la première fois qu'il est inquiété pour ses articles. Par le passé, de nombreux journalistes ont été assassinés en Russie, en toute impunité. C'est pourquoi, nous demandons au ministre russe de l'Intérieur, Rachid Nourgaliev, de tout mettre en œuvre afin d'assurer la sécurité de Dodojon Atovulloev et, notamment, de placer son domicile sous surveillance. Si les autorités russes refusent, le journaliste n'aura pas d'autre choix que de se réfugier dans un pays plus sûr que la Russie », a déclaré Reporters sans frontières.
Dodojon Atovulloev a été contraint de quitter le Tadjikistan, après avoir été accusé d'outrage au président et «d'incitation à la haine nationale, raciale et religieuse» en 2001. Il avait été arrêté en juillet de la même année à l'aéroport de Moscou. Plusieurs organisations de défense de droits de l'homme s'étaient mobilisées pour empêcher son extradition vers le Tadjikistan où il risquait une condamnation exemplaire. Il a été relâché quelques jours plus tard.
Le journaliste avait déjà reçu des menaces de mort avant son arrestation en Russie et plusieurs membres de sa famille au Tadjikistan avaient été arrêtés et libérés au bout de plusieurs semaines de détention.
Depuis 2002, Dodojon Atovulloev est réfugié politique en Allemagne et vit entre Hambourg et Moscou. Les charges retenues contre lui par le gouvernement tadjik ont été abandonnées. Le journaliste critique depuis plusieurs années les autorités de son pays et la corruption qui y règne. D'après lui, le gouvernement tadjik considère son journal comme une tache noire dans ses relations avec la Russie. Il ajoute qu'il craint que les opérations d'intimidation à son égard ne continuent jusqu'à l'élection présidentielle, prévue en novembre 2006.