Reporters sans frontières demande au haut-commissaire de la république d'assurer la sécurité des journalistes de la station RFO à Nouméa
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« Nous sommes inquiets des blocages à répétition de la chaîne de télévision et de radio publique RFO, et des multiples entraves à l'encontre de la quasi-totalité des journalistes et techniciens de la station à Nouméa. Nous demandons au haut-commissaire de la République, Michel Mathieu, d'assurer la sécurité des journalistes de la station, victimes de menaces et d'intimidations, et empêchés de travailler depuis plusieurs semaines », a déclaré Reporters sans frontières.
Depuis le 24 mars 2006, le journal télévisé du soir a été empêché à neuf reprises par l'irruption dans la station, à la dernière minute, de personnes extérieures à RFO, membres de l'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités, indépendantistes (USTKE). La chaîne a été bloquée par intermittence durant onze jours, également par des personnes majoritairement extérieures à la station. Elle est de nouveau bloquée depuis le 3 mai.
Quelques jours plus tard, un car vidéo, qui devait notamment assurer la couverture télévisée de l'émission 9 semaines et un jour, a été ramené sous escorte syndicale à la station, afin d'empêcher son utilisation. Lors de la tenue de l'émission elle-même, les techniciens ainsi que le directeur des antennes ont été interdits d'entrer sur les lieux de l'enregistrement. Aucune caméra n'a été autorisée par les membres de l'organisation syndicale postés à l'intérieur et à l'extérieur de la salle.
Le 18 avril vers 10 heures du matin, un cameraman a été empêché de filmer une manifestation ayant trait à un autre conflit concernant un projet d'usine de nickel au sud de la Nouvelle-Calédonie. Le 27, la station a été de nouveau l'objet d'intrusions extérieures et a dû être évacuée. Les journalistes se sont vus contraints de quitter leur lieu de travail, non sans que des militants syndicaux aient fouillé leurs voitures privées pour vérifier qu'ils ne partaient pas avec des caméras.
L'ensemble de ces faits se déroule par ailleurs dans des conditions que les journalistes non-grévistes considèrent comme profondément humiliantes. Bousculés à l'occasion, ils sont régulièrement l'objet d'insultes à caractères racistes, homophobes, sexistes, de menaces et de pressions destinées à les empêcher de poursuivre leur activité. Refusant cette situation, la rédaction s'efforce de réaliser un journal télévisé « tout-images » transmis tôt dans l'après-midi à Paris afin d'être diffusé en début de soirée.
A l'origine de cette situation se trouve un conflit remontant à 2004 entre le syndicat indépendantiste USTKE et la direction de RFO à propos des fonctions attribuées à un cadre kanak. Ce conflit avait à l'époque conduit à un blocage de 104 jours de la station. Il est réactivé par le récent « licenciement pour faute grave » de ce cadre.
Publié le
Updated on
20.01.2016