Reporters sans frontières dénonce la censure du site de l'humoriste anglais "Borat"

Ces derniers mois, deux sites Internet qui dérangent le gouvernement Kazakh, dont celui de l'humoriste britannique Sacha Baron Cohen, alias "Borat" (photo), ont perdu le droit d'utiliser leur .kz - l'équivalent du .fr ou .uk pour le Kazakhstan. Reporters sans frontières s'inquiète d'une politisation de la gestion des noms de domaine et dénonce ces actes de censure.

Ces derniers mois, deux sites Internet qui dérangent le gouvernement Kazakh, dont celui de l'humoriste britannique Sacha Baron Cohen, alias "Borat", ont perdu le droit d'utiliser leur .kz - l'équivalent du .fr ou .uk pour le Kazakhstan. Reporters sans frontières s'inquiète d'une politisation de la gestion des noms de domaine et dénonce ces actes de censure. L'organisation a écrit à Franck Fowlie, modérateur de l'ICANN, organisme international qui supervise l'attribution des noms de domaine pays, pour lui demander de se saisir de cette affaire. "Les organismes gérant les noms de domaine pays (ccTLDs) ont une fonction avant tout technique. Ils ne sont pas habilités à censurer des sites en raison de leur contenu. Nous constatons pourtant que le gouvernement Kazakh s'arrange pour refuser le .kz aux sites qui le moque ou le critique. Ce faisant, il enfreint les principes définis par l'ICANN, qui exige que la gestion des ccTLD soit 'juste' et 'non discriminatoire'. Nous pensons qu'une intervention de votre organisation démontrerait qu'elle est apte à défendre la liberté d'expression sur Internet, une question d'importance au regard des débats houleux sur la gouvernance d'Internet qui se sont déroulés lors du récent Sommet sur la société de l'information (SMSI)", a déclaré Reporters sans frontières dans son courrier. Le site Borat.kz reprenait les textes d'un humoriste anglais, Sacha Baron Cohen, qui interprète, dans un show télévisé diffusé sur la chaîne américaine HBO, un personnage de journaliste kazakh sexiste et raciste. L'Association Kazakhe des entreprises du secteur d'Internet - organisme en charge de la gestion des .kz - a justifié la fermeture du site en expliquant que borat.kz était hébergé hors du Kazakhstan et que de faux noms d'administrateurs avaient été donnés lors de son enregistrement. Le gouvernement avait en effet décidé, le mois dernier, d'interdire le .kz aux sites hébergés à l'étranger. Une mesure non justifiée allant dans le sens d'un contrôle politique accru des publications en ligne kazakhes. Fin octobre, le site d'opposition Navi.kz avait été contraint d'abandonner son .kz suite à une procédure judiciaire manipulée par les autorités. En novembre, Reporters sans frontières avait placé le Kazakhstan sur une liste de "pays à surveiller" en raison d'atteintes répétées à la liberté d'expression sur Internet.
Publié le
Updated on 20.01.2016