Le 5 novembre, Mihye Kim, journaliste de la chaîne de télévision coréenne KBS, a été agressée par cinq jeunes à Aubervilliers. La veille, Mady Diawara, journaliste de France 3, avait reçu une pierre en plein visage alors qu'il faisait une interview à Montfermeil. « Nous sommes extrêmement inquiets de la haine ouvertement affichée contre les journalistes français qui relève de l'amalgame entre la presse et les autorités » , a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous déplorons les violences dont ont fait l'objet des journalistes ces derniers jours, alors qu'ils étaient sur le terrain pour couvrir les événements et prendre les témoignages de toutes les parties en présence. Il n'est pas normal que des professionnels de la presse soient contraints de travailler derrière les lignes policières ou dans la crainte d'être agressés. Nous sommes extrêmement inquiets de la haine ouvertement affichée contre les journalistes français, qui relève de l'amalgame entre la presse et les autorités. Ce blocus partiel de l'information pénalise en premier lieu les habitants des banlieues et pose de manière inquiétante le problème du droit à l'information », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 5 novembre 2005 vers 17h, une journaliste coréenne de la chaîne de télévision publique nationale KBS, Mihye Kim, a été agressée par cinq jeunes à Aubervilliers, alors qu'elle venait de terminer des interviews avec des habitants, à proximité d'un entrepôt incendié la veille au soir.
« Ils m'ont dit que je n'avais pas le droit de filmer sur leur territoire et que, par conséquent, je devais leur donner de l'argent. J'ai refusé. Ils ont alors essayé de prendre la caméra que portait mon caméraman et l'ont frappé. J'ai récupéré la caméra, mais ils m'ont lancé un violent coup de pied à la tête. La veille au soir, j'avais déjà tenté de faire des interviews, mais les habitants avaient tous refusé d'apporter leur témoignage. Je comprends mieux pourquoi ils avaient peur », a déclaré Mihye Kim à Reporters sans frontières.
Les cris de la journaliste ont alerté les policiers situés à proximité et mis en fuite ses agresseurs. Transportée inconsciente à l'hôpital, Mihye Kim en est sortie le 6 novembre au soir et elle a porté plainte. Son reportage sera diffusé le 7 novembre sur la chaîne coréenne KBS.
Par ailleurs, le 4 novembre, un journaliste reporter d'image de la chaîne France 3, Mady Diawara, a reçu une pierre en plein visage alors qu'il effectuait un sujet sur la fin du ramadan à Montfermeil. « J'étais en pleine interview et je n'ai rien vu venir », a précisé le cameraman à Reporters sans frontières.
Dans la nuit du 2 au 3 novembre, un journaliste, un cameraman et un preneur de son de France 2 ont été pris à partie à Aulnay-sous-Bois par des dizaines de jeunes. Ils ont été contraints de quitter leur véhicule qui a ensuite été retourné puis incendié.
« Nous évitons de travailler la nuit, désormais », a précisé une journaliste de l'équipe de la télévision allemande ARD à Reporters sans frontières.
« Nous avons réussi à faire des portraits d'émeutiers mais il y a des cités où le dialogue n'est absolument pas possible. Un journaliste a été agressé verbalement ainsi qu'un reporter de la radio RTL en plein après-midi, la semaine dernière. Nous continuons toutefois à assurer des permanences de nuit », a précisé Emmanuelle Maurel, chef de service des informations générales du quotidien Le Parisien.
« Nous n'envoyons plus de cameramen pour filmer les émeutes car c'est trop dangereux. On utilise les images des agences de presse », a expliqué Elaine Cobbe de la chaîne américaine CBS à Reporters sans frontières.
Jacques Allaman, correspondant de la Radio suisse romande, qui a fait un reportage à Clichy-sous-Bois, a déclaré au Monde qu'il était « plutôt content de dire qu'il était un journaliste suisse : un de mes interlocuteurs m'a dit ‘heureusement que tu n'es pas un journaliste français' ». Un journaliste portugais, Daniel Rosario, a confirmé que lorsqu'il se rend en reportage en banlieue parisienne, il aborde les jeunes qu'il veut interviewer en précisant tout de suite qu'il n'est pas français.