Remis en liberté, Anton Surapin a toujours besoin de soutien

Reporters sans frontières se réjouit de la libération du jeune photographe Anton Surapin, détenu illégalement depuis plus d’un mois par le Comité de sécurité de l’Etat (KGB) de la capitale, Minsk (voir ci-dessous). L’organisation réclame toutefois la levée immédiate des restrictions pesant toujours sur lui et l’abandon de toutes les charges portées à son encontre. Anton Surapin a été libéré le 17 août 2012, vers 18h30, puis raccompagné à son domicile de Slutsk (sud de Minsk) par des agents du KGB. Il a désormais l’interdiction de quitter cette ville et doit se tenir à disposition du KGB, qui continue d’instruire l’enquête. Le responsable du site d’information bnp.by, étudiant à la faculté de journalisme de la capitale, reste poursuivi pour complicité de « franchissement illégal de la frontière », sur le fondement de l’article 371.3 du code pénal. L’Association bélarusse des journalistes (BAJ), organisation partenaire de Reporters sans frontières, continue de rassembler des signatures pour demander l’abandon de la procédure. Anton Surapin est le premier à avoir diffusé, sur son site, des clichés attestant du lâcher d’ours en peluche « pour la liberté de la presse » organisé par l’agence de communication suédoise Studio Total, début juillet 2012, alors que les autorités s’employaient à nier l’événement. Le KGB l’accusant d’être associé à l’opération, il a été arrêté le 13 juillet. Syarhey Basharymau, également poursuivi pour avoir loué un appartement à une équipe de Studio Total, a été relâché le même jour que le photographe. Ces développements interviennent trois jours après que les représentants de l’agence suédoise ont annoncé qu’ils ne se rendraient pas au Bélarus, où le KGB souhaitait les interroger. ------- 09.08.2012 - Deux femmes journalistes arrêtées pour avoir manifesté leur soutien à Anton Surapin Le 8 août 2012, la photographe du journal en ligne Komsomolskaya Pravda v Belarussii, Yuliya Darashkevich, et sa collègue Iryna Kozlik, ont été arrêtées par la police alors qu’elles manifestaient leur soutien au journaliste Anton Surapin, en détention préventive depuis près d’un mois (voir ci-dessous). Elles étaient en train de se prendre en photo en tenant dans leurs bras un ours en peluche avec un slogan politique, lorsqu’elles ont été interpellées et transférées au commissariat. Elles sont accusées d’avoir organisé un rassemblement sans autorisation préalable. Suite à leur garde à vue, elles ont été appelées à comparaître devant le tribunal du district de Minsk, où le juge Dzmitry Pawlyuchenka les a condamnées à verser une amende de 3 millions de roubles (290 euros) chacune. Lors de leur audience, les deux journalistes ont plaidé “non coupables”. Leur condamnation intervient seulement quelques jours après le renvoi de l’ambassadeur suédois, Stefan Eriksson, en poste depuis quatre ans au Bélarus. --------------------------------------------------- 08.08.2012 - Le journaliste Anton Surapin inculpé pour “complicité” dans l’affaire du lâcher de peluches Le 7 août 2012, les agents du Comité de sécurité de l’Etat (KGB) ont confirmé l’inculpation du photographe, Anton Surapin, 20 ans, pour “complicité de crime” et “assistance à l’entrée illégale sur le territoire” des deux pilotes de l’avion de l’agence de relations publiques suédoise Studio Total (voir ci-dessous). “Nous demandons instamment au KGB de remettre Anton Surapin en liberté dans les plus brefs délais. Une fois de plus, les autorités, prises en défaut, se vengent sur des boucs émissaires étrangers à l’affaire. Les autres parties en présence et l’Union européenne doivent au plus vite intercéder en faveur du journaliste”, a déclaré Reporters sans frontières. En vertu de l’article 371-3 du code pénal, Anton Surapin et Syarhey Basharymau, soupçonné d’avoir hébergé des employés de l’agence venus sur place en renfort, risquent de trois à sept ans de prison. Cela fait près d’un mois qu’ils sont maintenus illégalement en détention préventive, sans aucune preuve tangible. Le KGB a annoncé qu’il rendrait ses conclusions finales sur leur cas après avoir interrogé les représentants de l’agence suédoise. ------ 18.07.2012 - Le responsable d’un site d’information arrêté pour avoir diffusé des photos Anton Surapin a été arrêté à son domicile, dans l’après-midi du 13 juillet 2012, suite à une perquisition menée par des agents du Comité de sécurité de l’Etat (KGB), qui cherchent à déterminer son rôle dans la couverture d’une opération de communication liée à la liberté d’expression. Le 16 juillet dernier, une décision devait être rendue concernant sa détention. Il n’a cependant toujours pas été relâché. La loi bélarusse prévoit la possibilité d’étendre la garde-à-vue jusqu’à dix jours sans qu’aucune charge ne soit officiellement retenue contre le prévenu. Anton Surapin est accusé d’avoir aidé des étrangers à traverser la frontière illégalement, a déclaré à Reporters sans frontières Andrew Bastunets, vice-président de l’Association des Journalistes du Bélarus. Il risque une peine pouvant aller de trois à cinq ans d’emprisonnement. Reporters sans frontières exige la libération immédiate d’Anton Surapin. L’organisation rappelle que cette opération a été menée à l’initiative d’une agence de relations publiques suédoises, et qu’elle ne doit pas être utilisée comme prétexte par les autorités bélarusses pour arrêter des journalistes, blogueurs, ou de simples citoyens qui s’en sont fait le relais. Le 4 juillet 2012, deux membres d’une agence de relations publiques suédoise, Studio Total, ont organisé depuis un avion, un lâcher géant d’ours en peluche au-dessus du Bélarus, en signe de soutien au mouvement de défense de la liberté d’expression dans le pays. Sur chaque ours en peluche était accrochée une pancarte miniature, avec pour message : “Nous soutenons le combat bélarusse pour la liberté d’expression” (“We support the Belarusian Struggle for free speech”). Anton Surapin, étudiant de la faculté de journalisme et responsable du site d’information bnp.by, a été le premier à publier sur Internet des photos attestant de l’évènement. Il a affirmé qu’un inconnu lui avait fait parvenir les clichés par e-mail, le 5 juillet dernier, lui indiquant qu’il avait vu l’avion voler bas et que le pilote l’avait salué avant de lui lancer trois ours en peluche en parachute. Tomas Mazetti, membre de Studio Total, et l’un des deux pilotes de l’avion, a confié au quotidien suédois The Local être inquiet de cette arrestation. Joint par Reporters sans frontières, il a précisé ne pas connaître Anton Surapin et avoir planifié cette opération sans aucune aide locale, ne nécessitant aucune assistance particulière pour la mener à bien. Le ministère de la Défense bélarusse dément pour sa part l’entrée d’un appareil volant sur le territoire biélorusse le 4 juillet, alors que Studio Total a posté en ligne plusieurs vidéos pour prouver la véracité de l’opération. Pour le Ministère ces vidéos sont retouchées et constituent un trucage manifeste de nature provocatrice. Le Bélarus fait partie de la liste des “Ennemis d’Internet” identifiés par Reporters sans frontières. Alors que le pays s’est enferré ces derniers mois dans l’isolement politique et le marasme économique, le régime du président Loukachenko a renforcé la répression envers les voix dissidentes. Internet, espace de mobilisation et d’information, a subi de plein fouet la violente réaction des autorités à la “révolution à travers les réseaux sociaux”.
Publié le
Updated on 20.01.2016