Regain de pression sur les médias en amont de l’élection présidentielle

Alors que la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle du 23 juillet 2009 est en cours, les intimidations envers les journalistes se multiplient. Une nouvelle agression visant un média critique envers les autorités est à déplorer.

Reporters sans frontières condamne l’agression dont a été victime Abdouvakhab Moniev, rédacteur en chef adjoint de l’hebdomadaire en langue kirghize La politique libre, (Atchyg Sayasat), le 5 juin 2009, à Bichkek. La politique libre fait l’objet de pressions régulières de la part des autorités. “Le regain de pression exercée sur la presse en amont de l’élection du 23 juillet prochain est inquiétant. Il rappelle le climat de violence qui accompagne chaque tournant politique ou moment de crise depuis la ‘Révolution des tulipes’ et dont les professionnels des médias sont régulièrement victimes. Nous appelons les autorités à donner des consignes claires respectueuses du pluralisme permettant aux journalistes de couvrir la campagne électorale librement et en sécurité“, a déclaré Reporters sans frontières. “Par ailleurs, la récurrence de ces violences et intimidations, ainsi que l’implication des forces de l’ordre dans plusieurs incidents indiquent que les autorités en sont, au moins partiellement, responsables. A elles de donner l’exemple et de renoncer à des pratiques contraires aux standards démocratiques”, a poursuivi l’organisation de défense de la liberté de la presse. Abdouvakhab Moniev a été violemment frappé, probablement par un inconnu qui lui avait fixé rendez-vous dans la soirée pour “lui communiquer des informations importantes”. Le journaliste a dû être hospitalisé. Cette agression serait liée à son activité professionnelle et notamment, à des articles critiques envers des fonctionnaires gouvernementaux. Dix jours plus tôt, la diffusion de l’hebdomadaire avait été empêchée par des policiers de la région d’Issyk-Kul (environ 300 kms à l’est) qui avaient saisi quelques milliers d’exemplaires. Abdouvakhab Moniev avait immédiatement porté plainte. Plusieurs journalistes ont été empêchés de couvrir les rassemblements organisés par des candidats de l’opposition à l’élection le 1er juin, dans le district de Tioup. En revanche ils n’ont eu aucun mal à accéder aux réunions organisées en faveur du président sortant. Par ailleurs, plusieurs témoignages recueillis sous couvert d’anonymat font état de consignes très strictes du secrétariat de la Présidence à l’attention des journalistes des médias publics. La télévision d’Etat et la chaîne Kanal 5, notamment, auraient été incitées à ne pas ou très peu couvrir la campagne de l’opposition. Depuis le mois de mars, plusieurs agressions de journalistes ont eu lieu, dont l’une a visé un journaliste du Reporter Bishkek. Syrgak Abdyldaev avait été blessé d’une vingtaine de coups de couteau. L’élection présidentielle doit se dérouler le 23 juillet 2009 dans cette république d’Asie centrale, qui traverse de nombreuses crises politiques depuis l’arrivée au pouvoir, en mars 2005, de l‘actuel président et candidat à sa réélection, Kourmanbek Bakiev. Le Kirghizstan a récemment fait savoir qu’il limiterait le nombre d”observateurs électoraux de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), afin de créer des conditions “harmonieuses” pour le scrutin. Le Kirghizstan est situé à la 111e place du classement 2008 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016