RDC : les journalistes doivent pouvoir couvrir l’élection présidentielle en sécurité et sans restriction

Alors que l'élection présidentielle congolaise se déroule ce 20 décembre, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à protéger les professionnels des médias afin qu’ils puissent mener une couverture sans restriction.

Ce mercredi 20 décembre marque le jour de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), dont la campagne électorale n’a pas épargné les journalistes. Durant la course à la présidentielle, lancée le 19 novembre et clôturée le 18 décembre, au moins cinq journalistes ont été agressés et menacés dans l’est du pays, par des acteurs politiques ou par leurs soutiens dans les villes de Goma et Béni (Nord-Kivu) et à Bunia (Ituri). À Bunyakiri (Sud-Kivu), des reporters ont été empêchés d’accéder à des lieux publics, et par conséquent de faire leur travail. RSF appelle les autorités à protéger les journalistes pendant et après le processus.

Il est déplorable de voir des journalistes pris à partie ou empêchés d’exercer alors même que leur travail d’information est primordial dans le processus électoral. Nous demandons aux autorités congolaises de faire cesser ces entraves, de protéger les professionnels des médias et de leur permettre une couverture sans restriction de l'élection présidentielle. Elles doivent aussi veiller à ne pas couper l’accès à Internet pendant et après le scrutin pour ne pas restreindre l’accès à l’information des citoyens. RSF sera par ailleurs vigilante à ce que le prochain président se positionne fermement en faveur de la liberté de la presse, et s’engage à combattre l’impunité des exactions contre les journalistes.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Le dernier incident remonte à quelques jours seulement : le  16 décembre, René Mobembo, rédacteur en chef de la radio privée Liberté Makanza, émettant depuis Makanza, dans la province de l’Équateur (nord-ouest), a été violemment agressé au cours d’un meeting du parti Agissons pour la République (AREP). Des militants l’ont frappé sur ordre d’un politicien affilié au parti, au motif que sa radio appartient à l’actuel ministre de la Défense. Le journaliste a dû être emmené à l’hôpital. 

Une semaine avant, le correspondant de la chaîne Digital Congo à Goma, Mao Zigabe a été violemment pris à partie par  des militants supposés de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti au pouvoir) . Le 5 décembre, ce sont quatre militaires qui ont tiré en l’air devant le domicile du reporter pour la Radio Liberté à Lisala (Nord) Nekyer Tokolo et ont lancé quatre grenades lacrymogènes à l’intérieur de la maison. 

Quelques jours auparavant, le 27 novembre, à Kisangani, dans le nord du pays, une dizaine de militants de l’Union pour la nation congolaise (UNC) a agressé le reporter pour la chaîne Canal Congo Télévision et la radio Liberté Kisangani, Jerry Lombo Alauwa, alors qu’il couvrait un rassemblement de Moïse Katumbi, opposant et candidat à la présidentielle. Ce journaliste a été frappé à la tête, blessé à la main et sa caméra a été endommagée.

Le 25 novembre, le journaliste John Kanyunuy, correspondant du service kiswahili de la Deutsche Welle en RDC, également administrateur du groupe d’information sur Whatsapp  ‘’Nouvelles à la une”, a reçu des menaces de mort en ligne. Elles provenaient de membres supposés de l’Union sacrée, un regroupement politique soutenant la candidature du président sortant Félix Tshisekedi, qui l’accusait de battre campagne pour Moïse Katumbi. Le journaliste, qui a démenti dans la foulée, a déclaré à RSF qu’il craint désormais pour sa sécurité, et alerte sur un risque d’arrestation car son indépendance “fait peur”.  

Deux jours plus tôt, le 23 novembre, un groupe de journalistes qui couvraient l'arrivée de Moïse Katumbi à Bunia, a été empêché d’accéder à l’aéroport par des agents qui auraient reçu “l’instruction de la hiérarchie à Kinshasa de ne laisser personne entrer”, selon les informations recueillies par RSF. Le même jour, des militaires ont interdit à d’autres journalistes l’accès à l'aéroport de Goma, où Katumbi organisait une réunion politique.

Un bilan plus que mitigé

Au-delà de cette campagne présidentielle ponctuée d’atteinte à la liberté de la presse, le mandat du président Tshisekedi a été marqué par de nombreuses autres exactions contre des journalistes. Trois assassinats, deux disparitions forcées, de nombreuses menaces de mort et au moins 123 arrestations arbitraires, dont celle en cours de Stanis Bujakera Tshamala, ont été relevés. 

Le 19 octobre dernier, l’organisation publiait un appel aux 24 candidats à la présidence, afin qu’ils prennent publiquement dix engagements pour soutenir la liberté de la presse et la sécurité des journalistes en RDC. À ce jour, trois candidats l’ont signé

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