Rapport d'enquête: "L'acharnement contre les médias érigé en système"

Trois jours avant l'élection présidentielle du 19 mars, Reporters sans frontières publie un rapport d'enquête dénonçant le climat de terreur qui règne dans le pays. Alexandre Loukachenko, candidat à sa propre réélection, contrôle presque tous les médias. L'organisation s'est rendue en mission à Minsk, du 2 au 7 mars, et a recueilli les témoignages accablants de nombreux journalistes.
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Trois jours avant l'élection présidentielle du 19 mars, la tension monte au Bélarus. La répression touche massivement journalistes indépendants, correspondants étrangers et opposants politiques au régime d'Alexandre Loukachenko. Reporters sans frontières s'est rendue en mission à Minsk, du 2 au 7 mars 2006, pour faire un état des lieux de la situation. L'organisation a rencontré les médias indépendants, les organisations de défense de la liberté de la presse et les mouvements d'opposition dans le collimateur du gouvernement. En douze ans de règne, le régime d'Alexandre Loukachenko a presque anéanti la presse indépendante et éradiqué la presse d'opposition. Le Président considère que « les médias sont le principal instrument de mesure de l'idéologie, à la base de l'Etat ». La propagande officielle fustige les médias indépendants, qualifiés de « malhonnêtes ». Candidat pour la troisième fois à sa réélection, le chef de l'Etat contrôle aujourd'hui presque entièrement la presse et harcèle ses détracteurs. L'organisation dénonce dans un rapport le harcèlement à l'encontre des journalistes indépendants menés par des hommes au service du président. Depuis le début de l'année, au moins quatre journalistes ont été expulsés du territoire par les autorités. Entre le 12 et le 15 mars, au moins quatre autres journalistes ukrainiens et polonais ont été arrêtés par la police et condamnés à des peines allant de cinq à dix jours de prison. Au moins une dizaine de correspondants étrangers désirant se rendre sur le territoire biélorusse sont toujours bloqués dans l'attente d'un visa. La vague de répression avait touché au moins neuf journalistes, le 2 mars, arrêtés et passés à tabac par des agents de police en civil, alors qu'ils couvraient l'arrestation du candidat de l'opposition, Alexandre Kazouline. Plus de 57 000 exemplaires du journal indépendant Narodnaya Volya ont été confisqués le 13 mars. Une semaine auparavant, c'était un tirage exceptionnel de 250 000 exemplaires consacré au candidat Alexandre Kazouline qui avait été interdit. Une imprimerie russe a annoncé, le 13 mars, qu'elle annulait ses contrats avec trois journaux indépendants qui diffusaient, notamment, le programme des candidats d'opposition à l'élection. Adeptes des méthodes soviétiques, les services secrets biélorusses ont annoncé à la télévision, le 15 mars, qu'une tentative de coup d'Etat, appuyée par Washington, venait d'être étouffée.
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Updated on 20.01.2016