La Mission internationale pour la liberté de la presse au Sri Lanka, qui s'est tenue du 25 au 29 octobre 2008, dénonce une détérioration de la situation de la liberté de la presse. Depuis sa dernière visite dans le pays, en juin 2007, un nombre important de meurtres, d'attaques, d'enlèvements, d'intimidations et de harcèlements de journalistes a été recensé.
Fédération internationale des journalistes
International Media Support
International News Safety Institute
International Press Institute
Reporters sans frontières
Du 25 au 29 octobre 2008
La Mission internationale pour la liberté de la presse au Sri Lanka, qui s'est tenue du 25 au 29 octobre 2008, dénonce une détérioration de la situation de la liberté de la presse. Depuis sa dernière visite dans le pays, en juin 2007, un nombre important de meurtres, d'attaques, d'enlèvements, d'intimidations et de harcèlements de journalistes a été recensé. Dans le dernier classement de la liberté de presse publié par Reporters sans frontières, le Sri Lanka a chuté à la dernière place des pays démocratiques dans le monde.
La Mission internationale s'alarme du recours à une loi antiterroriste dans le but de punir les journalistes uniquement pour leurs écrits. J.S Tissainayagam, B. Jasiharan et V. Vallarmathy sont détenus depuis mars 2008 en vertu de l'Acte de prévention du terrorisme. La mission s'inquiète des conséquences que cela pourrait engendrer pour les médias au niveau national et international.
Ces derniers mois, les journalistes et les institutions médiatiques cherchant à couvrir indépendamment le conflit au Sri Lanka ont été attaqués et intimidés dans le but de limiter l'information du public sur la conduite de la guerre et afin d'accéder à leurs sources d'information. Il s'agit d'une violation du droit du public à l'information et du droit au secret des sources.
Les médias dans le nord et l'est du pays sont de loin les plus touchés par l'insécurité. L'accès des médias aux zones touchées par le conflit est strictement contrôlé et les journalistes sont forcés de reproduire l'information diffusée par les parties en conflit qui mettent tout en œuvre pour entraver la couverture indépendante et critique des événements. La Mission internationale condamne l'assassinat de P. Devakumar, à Jaffna, en mai 2008, ainsi qu'une douzaine d'autres meurtres qui ont eu lieu depuis 2005.
Dans les zones contrôlées par les Tigres tamouls (LTTE), la liberté d'expression et la liberté de mouvement sont particulièrement restreintes, afin de réduire l'accès aux sources d'information.
Une loi sur les médias, publiée le 10 octobre 2008 par le gouvernement, instaure une série de clauses spécifiques permettant l'annulation des licences de diffusion délivrées aux chaînes de télévision, dont sept sont liées au contenu diffusé. Une chaîne de télévision très populaire dans le pays a été récemment avertie qu'elle devrait, à partir du 28 octobre, envoyer préalablement la transcription des informations qu'elle diffuse chaque semaine. La Mission internationale déplore toute forme de contrôle préalable ou censure directe sur les médias.
La Mission internationale est choquée par les nombreux cas d'usage d'un langage violent et provocateur à l'encontre des professionnels des médias par certains politiciens, mais aussi par des ministres. La Mission est aussi vivement préoccupée par le fait que les médias d'Etat et le site Internet du ministère de la Défense ont contribué aux campagnes de calomnies menées contre des médias et journalistes indépendants. De tels agissements peuvent seulement être interprétés comme des efforts pour discréditer les médias à travers de fausses accusations qui les mettent clairement en danger.
Par ailleurs, La Mission internationale se félicite de la solidarité et de la détermination affichées par les cinq organisations de journalistes au Sri Lanka - the Free Media Movement, Sri Lankan Working Journalists' Association, Federation of Media Employees' Trade Unions, Sri Lankan Tamil Media Alliance et Sri Lankan Muslim Media Forum - qui évoluent dans une situation particulièrement difficile.
En outre, la Mission internationale soutient le travail de coopération mené entre les propriétaires des médias et les directeurs de publication afin de traduire en justice ceux qui ont perpétré les récentes attaques contre des journalistes.
La Mission internationale recommande de l'invitation urgente du Rapporteur spécial des Nations unies pour la liberté d'expression par le gouvernement sri lankais, en accord avec les engagements pris envers le Conseil des droits de l'homme, en 2006.
Contexte de la mission
En octobre 2006 et juin 2007, des délégations de la Mission internationale pour la liberté de la presse et d'expression au Sri Lanka, comprenant douze organisation pour la liberté de la presse et le développement des médias, ont entrepris des missions d'enquête et de soutien au Sri Lanka.
Afin d'exercer un travail de suivi, la Mission internationale s'est rendue de nouveau au Sri Lanka en octobre 2008. La délégation, lors de sa visite, était composée de la Fédération Internationale des journalistes (www.ifj.org), d'International Media Support (www.i-m-s.dk), International News Safety Institute (www.newssafety.org), International Press Institute (www.freemedia.at) et de Reporters sans frontières (www.rsf.org).
Les membres de cette mission ont rencontré le président du Sri Lanka, le comité ministériel sur les doléances des journalistes, des partis politiques, des propriétaires de médias et des directeurs de publications, des journalistes et professionnels des médias, des experts des droits de l'homme et certains membres de la communauté internationale.