Radio Païman de retour sur les ondes grâce au soutien de Reporters sans frontières

Gangrené par les conflits entre les groupes d’influence, l’Afghanistan est l’un des pays les plus dangereux pour les professionnels de l’information. Les atteintes à la liberté de la presse et les violences contre les journalistes sont commises aussi bien par les taliban, les responsables politiques que par des chefs religieux. Elles prennent également de nombreuses formes (menaces, agressions physiques, détentions arbitraires, procès et condamnations abusives, kidnapping). Les attaques dont a été victime la station Radio Païman, que Reporters sans frontières a soutenu financièrement sont symptomatiques de cette situation. Dans la nuit du 31 janvier 2011, huit individus armés ont détruit l’ensemble du matériel de cette station indépendante située dans la province de Baghlan, au nord du pays. “Après avoir neutralisé notre veilleur de nuit, ils ont entrepris de détruire consciencieusement la totalité de nos équipements”. Arrivé parmi les premiers dans les locaux le lendemain matin, Shir Mohammad Jahesh, le directeur de la radio, se souvient : “rien n’avait été épargné. Nos ordinateurs étaient en pièces, notre studio d’enregistrement mis à sac, notre console radio, nos micros étaient hors service. Ils ont même cassé les tables et les chaises”. “Aujourd’hui encore, les autorités disent ne pas être en mesure d’identifier les coupables. Cependant, au vu de la nature des menaces que nous avions reçues peu de temps avant l’incident, il fait peu de doutes que ces derniers soient des taliban”. Convaincue que les médias peuvent jouer un rôle en matière de démocratie et d’éducation, la station émettait des programmes à forte dimension sociale. L’un d’entre eux donnait la parole aux habitants de la province de Baghlan. Ce temps de libre antenne permettait aux auditeurs de parler de leur quotidien et de leurs difficultés. Une autre émission destinée aux jeunes diffusait des sujets d’éducation civique abordant des questions telles que le droit de vote, la représentation et la participation démocratiques. La liberté éditoriale de Radio Païman leur avait déjà valu menaces et représailles. La violence de l’attaque du 31 janvier 2011 est néanmoins sans précédent. “Ils ont détruit en quelques minutes ce que nous avions mis cinq ans à construire”. Face à l’ampleur des dégats, Reporters sans frontières a apporté une aide financière à la station. Une bourse de 8 000 $ a permis aux dirigeants de Radio Païman de racheter un émetteur FM et le système d’antenne nécessaire à la diffusion de leurs programmes. Le 15 mai 2011, les programmes de Radio Païman étaient de retour sur les ondes. Les dirigeants et le personnel ont choisi de s’installer dans de nouveaux locaux, plus sûrs, leur soif d’indépendance et d’informer elle, reste la même. Ecoutez le message diffusé par Radio Païman à l’occasion de son retour sur les ondes : Cette action a pu être menée grâce au soutien de l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH) de l’Union européenne, dont Reporters sans frontières est bénéficiaire.
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Updated on 20.01.2016