Répression massive: le principal journal indépendant dans l’oeil du cyclone
Organisation :
Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par l’escalade répressive dont sont victimes actuellement les journalistes indépendants et d’opposition au Kazakhstan.
“Les autorités, rendues encore plus paranoïaques depuis les émeutes de Janaozen en décembre, utilisent l’argument sécuritaire pour justifier une intensification intolérable de la répression à l’encontre des médias. Après Stan TV et Vzgliad, Golos Respubliki se retrouve à nouveau dans l’oeil du cyclone: c’est l’information indépendante dans son ensemble qui est visée par un régime incapable de réaffirmer son autorité autrement que par la force”, a déclaré l’organisation.
Pour le deuxième jour consécutif, la rédactrice en chef adjointe du journal indépendant Golos Respubliki, Oksana Makouchina (Оксана Макушина), a été convoquée pour interrogatoire au siège du KNB (Comité pour la sécurité nationale) le 2 février 2012. Elle y avait déjà passé sept heures la veille. Au même moment, les locaux de la rédaction ont été perquisitionnés, les ordinateurs et l’équipement technique ont été saisis.
Oksana Makouchina est mise en cause pour avoir animé une conférence de presse en soutien au journaliste emprisonné Igor Viniavski (voir ci-dessous), le 30 janvier. Les autres intervenants ont également été convoqués. Les agents du KNB veulent savoir comment ils ont appris le chef d’inculpation exact retenu contre le journaliste, et où ils se sont procurés le tract qu’il est accusé d’avoir diffusé. Ils ont également interrogé les organisateurs de la conférence de presse afin de déterminer qui avait eu l’idée de montrer ce tract aux journalistes présents, qui l’avait fait, et s’ils étaient conscients de la portée insurrectionnelle de ce geste.
Le rédacteur en chef de Vzgliad, Igor Viniavski, a été arrêté le 23 janvier 2012 et se trouve en détention provisoire pour deux mois. Il est accusé d’avoir distribué des tracts appelant à l’insurrection, peu après le renversement du régime autoritaire de Kourmanbek Bakiev dans la république voisine du Kirghizstan, en 2010. Ce tract présente des images du soulèvement kirghize puis la photographie d’un homme brandissant un portrait du président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev. “La Kirghizie s’est débarrassée du clan prédateur des Bakiev. Assez attendu, jette-le (son portrait) aux ordures!”, peut-on lire.
Les associations de défense de la liberté de la presse s’étonnent de cette réponse à retardement et dénoncent une affaire montée de toutes pièces. Aucune trace du tract n’a été trouvée dans les ordinateurs saisis chez Igor Viniavski et à la rédaction de Vzgliad.
Golos Respubliki est le principal journal indépendant au Kazakhstan. Cette république d’Asie centrale est classée 154e sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières.
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26.01.2012 Un journaliste indépendant dans la ligne de mire des services de sécurité
Reporters sans frontières est scandalisée par l’arrestation du rédacteur en chef du journal Vzgliad, Igor Viniavski (Игорь Винявский), le 23 janvier 2012 à Almaty (capitale). L’organisation exige sa remise en liberté immédiate.
Igor Viniavski a été placé en garde à vue au terme d’une série de perquisitions dans les bureaux de plusieurs médias indépendants et du parti d’opposition “Alga”. Le rédacteur en chef du journal de ce mouvement, Mikhaïl Sizov, a été relâché après une journée d’interrogatoires par le KNB (Comité pour la sécurité de l’Etat). Le domicile d’Igor Viniavski a également été perquisitionné dans la soirée du 23 janvier, et ses ordinateurs ainsi que tous ceux de sa rédaction ont été saisis. En conséquence, le journal Vzgliad n’a pas pu paraître les jours suivant.
Igor Viniavski est officiellement accusé d’avoir distribué des tracts incitant au “renversement de l’ordre constitutionnel” (article 170 du code pénal). Il risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Le tribunal d’Almaty doit statuer sur son maintien en détention provisoire le 26 janvier 2012.
La pression est croissante sur les journalistes indépendants depuis la violente répression d’une manifestation ouvrière à Janaozen (Ouest du pays) le 16 décembre 2011. Le 11 janvier 2012, une équipe de tournage de Stan TV a été interpellée une heure à Janaozen. Deux jours plus tard, quinze employés de Stan TV, soit la quasi totalité du personnel, ont été convoqué dans les locaux du KNB pour un interrogatoire sur leur couverture de ces événements. Aucun membre de l’équipe de Stan TV n’était pourtant présent à Janaozen lors des émeutes, mais la chaîne indépendante a été parmi les premières à relayer des vidéos réalisées par des net-citoyens, prouvant les exactions des forces de l’ordre.
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Updated on
20.01.2016