Réapparition d’un journaliste "disparu", la liberté de l’information reste hors de vue
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Reporters sans frontières a appris avec soulagement la « réapparition » du journaliste Tokbergen Abiev, dont la disparition le 20 décembre 2012 avait suscité les plus vives inquiétudes (voir ci-dessous). L’organisation déplore cependant une mise en scène irresponsable et inadmissible de la part du journaliste, qui a délibérément voulu faire croire à un enlèvement.
« Cet incident prêterait à rire, si la situation de la liberté de l’information au Kazakhstan n’était pas si grave. Il ne faudrait pas que la mystification d’un journaliste discrédite l’ensemble de la profession à un moment si critique. Si nous saluons le travail de la police dans cette affaire, nous attendons toujours des résultats probants quant à la disparition bien réelle, en 2007, d’Oralgaïcha Omarchanova, ou aux tentatives d’assassinat dont ont fait l‘objet en 2012 Lukpan Akhmediarov et Oularbek Baïtaïlak. La démarche malheureuse de Tokbergen Abiev ne doit en aucun cas occulter la vague répressive sans précédent qui s’abat actuellement sur les médias indépendants et d’opposition kazakhs. Plus que jamais, ces derniers ont besoin du soutien de la communauté internationale. »
Tokbergen Abiev avait disparu à la veille d’une conférence de presse sensible le 20 décembre 2012, déclenchant une vive émotion dans le pays et au-delà. La police a mobilisé d’importants moyens pour retrouver sa trace et a fini par le retrouver sain et sauf, le 31 décembre, dans un appartement qu’il louait à Astana (capitale). Personne ne le retenait contre son gré.
Dans une conférence de presse tenue le 4 janvier 2013, le journaliste a justifié sa mise en scène par la nécessité d’attirer l’attention du public et des autorités sur le combat qu’il mène contre la corruption dans le pays. Il avait loué à l’avance l’appartement dans lequel il se cachait, et prévoyait d’y rester au moins un mois sans donner de nouvelles. A sa réapparition, Tokbergen Abiev espérait obtenir un entretien avec le président de la République, Noursoultan Nazarbaïev. Malgré les critiques de ses collègues, il a affirmé ne rien regretter.
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24.12.2012 - Disparition d’un journaliste à la veille d’une conférence de presse sensible
Reporters sans frontières fait part de sa profonde inquiétude quant à la disparition du journaliste Tokbergen Abiev, dont on est sans nouvelles depuis le 20 décembre 2012. Directeur de l’Alliance des médias du Kazakhstan "Loi et justice" ("Zakon i Pravosudie") et ancien rédacteur en chef du journal du même nom, le journaliste est également le fondateur d’un site d’information, abiyev.kz. Le jour de sa disparition, il avait annoncé la tenue, le 21 décembre, 2012 d’une conférence de presse à Astana (capitale), au cours de laquelle il devait révéler d’importants faits de corruption.
"Il n’y a guère de doutes que la disparition de Tokbergen Abiev est liée à la conférence de presse qu’il devait tenir le lendemain. Nous appelons les autorités kazakhes à ouvrir une enquête au plus vite et à tout mettre en œuvre pour retrouver la trace du journaliste. Les enquêteurs doivent prendre au sérieux la piste professionnelle et garantir l’impartialité de leurs investigations. Tokbergen Abiev est peut-être en danger de mort : le temps est compté," a déclaré Reporters sans frontières.
Tokbergen Abiev n’a plus donné de nouvelles depuis le soir du 20 décembre 2012. Le journaliste est repassé à son bureau vers 21 heures. Selon son collègue Andreï Taranov, il en est sorti aux alentours de 22 heures, en lui disant qu’il allait chercher une information en vue de la conférence de presse du lendemain, et qu’il reviendrait bientôt. Les appels téléphoniques qui lui ont été passés à partir d’une heure du matin, n’ont pas donné de résultat.
Le matin même, Tokbergen Abiev avait envoyé aux journalistes d’Astana le message suivant : "Chers collègues! Demain, le 21 décembre, (...) se tiendra une conférence de presse exclusive (sur le thème) : "Un corrompu doit aller en prison!" Vous ne serez pas déçus! On vous attend!" Dans le même message, il avait indiqué qu’il serait question de "la corruption et de l’arbitraire du pouvoir exécutif d’Astana".
Le 22 décembre 2012, l’épouse de Tokbergen Abiev a déclaré la disparition de son mari auprès de la police d’Astana. Un message a également été adressé au Comité pour la sécurité nationale (KNB). La police affirme actuellement à être au stade d’une enquête préalable.
En 2008, Tokbergen Abiev, à l’époque rédacteur en chef du journal Zakon i Pravosudie, avait été condamné à 3 ans de prison pour "corruption active à l’encontre d’un représentant de la police financière en vue de l’obtention illégale de données secrètes sur des agents de l’administration judiciaire". D’après le journaliste, son arrestation était directement liée à son activité professionnelle.
En 2007, l’une de ses collègues du journal Zakon i Pravosudie, Oralgaïcha Omarchanova, a disparu. Les recherches n’ont toujours pas donné de résultat.
La disparition de Tokbergen Abiev intervient dans un climat extrêmement dégradé pour les médias kazakhs. L’année 2012 a été marquée par l’intensification inédite des pressions contre les journalistes indépendants et d’opposition, qui culmine ces jours-ci avec l’interdiction des principaux médias d’opposition nationaux.
Photo: RFE/RL
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Updated on
20.01.2016