Réactivation du Conseil de la Presse, une menace pour la liberté des médias

Reporters sans frontières (RSF) et Journalists for Democracy in Sri Lanka (JDS) s’inquiètent de la décision prise le 2 juillet 2015 par le nouveau Président Maithripala Sirisena de réactiver le Conseil de la Presse, un organe controversé octroyant au gouvernement un important pouvoir de coercition de la presse. Les organisations appellent le président sri lankais à mettre en place un Conseil indépendant garant d’un système d’autorégulation des médias.

Six mois après l’élection du président Maithripala Sirisena et les espoirs démocratiques que la fin du règne de la famille Rajapaksa avait engendrés, le nouvel exécutif a prononcé le 2 juillet 2015 la réactivation du Press Council, une instance de régulation des médias permettant aux autorités d’instaurer des sanctions lourdes à l’encontre des professionnels de l’information, y compris l’emprisonnement. “En réactivant cet outil de répression de la presse sri-lankaise, le Président Maithripala Sirisena balaie d’un revers de la main les espoirs qui s’étaient formés à son élection et fait à nouveau peser la menace d’une dérive autoritaire pour la presse, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. Nous appelons le Président à revenir sur sa décision et à lancer une réforme en profondeur du Conseil de la Presse afin d’en faire un organe garant de l’indépendance des médias.” “La décision du gouvernement de réactiver cette législation controversée suscite de sérieuses et légitimes inquiétudes, la volonté de limiter la liberté des médias traduisant bien souvent des intentions anti-démocratiques” ajoute l’organisation Journalists for Democracy in Sri Lanka. Etabli en 1973, le Conseil de la Presse a été largement utilisé sous la présidence de Mahinda Rajapaksa, jusqu’à ce qu’il cesse de fonctionner en janvier 2015 suite à la victoire de Sirisena, qui s’était engagé à soutenir la liberté de la presse et à faire cesser les intimidations à l’encontre des acteurs de l’information. Il y a quelques mois, Reporters sans frontières s’inquiétait de la recrudescence des actes d’intimidation des autorités sri-lankaises à l’encontre des journalistes tamouls. Plusieurs journalistes originaires du nord du pays avaient été convoqués, mis en examen ou détenus en avril par la police de Colombo. Au lendemain de l’élection présidentielle du 8 janvier 2015, Reporters sans frontières et Journalists for Democracy in Sri Lanka avaient demandé au nouveau président Maithripala Sirisena de mettre fin à la politique de violences à l’encontre des journalistes menée par son prédécesseur Mahinda Rajapaksa et et de lutter contre l’impunité. Le Sri Lanka figure à la 165e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016