Quinze journalistes arrêtés depuis le début de l'année : Reporters sans frontières appelle le président soudanais à tenir ses promesses

Reporters sans frontières condamne le harcèlement des autorités soudanaises à l'encontre des journalistes, locaux ou étrangers, qui s'est intensifié depuis l'été 2006, tout juste un an après l'annonce de la levée des lois d'exception par le président Omar el-Béchir. "Force est de constater qu'un an après avoir annoncé la levée des lois d'exception, les autorités soudanaises violent les engagements pris devant la communauté internationale. Ce pouvoir, violemment contesté au Darfour et critiqué dans des manifestations populaires, se crispe dans une attitude autoritaire et arbitraire, dont les journalistes font les frais. Au moins quinze d'entre eux ont été arrêtés depuis le début de cette année. Nous sommes d'autant plus inquiets que ce retour des arrestations va de pair avec une vague de censure au mois de septembre. Récemment, les autorités ont justifié ces violations par l'enquête sur l'assassinat du journaliste Mohamed Taha, le 6 septembre", a déclaré Reporters sans frontières. Le 15 octobre, Saad al-Din Hassan Abdallah, un des correspondants de la chaîne Al-Arabiya à Khartoum, a été arrêté par les forces de sécurité soudanaises suite à la diffusion sur cette chaîne d'un reportage sur l'expulsion et le déni du droit d'association des résidents de la région d'Amri (Nord), où le gouvernement fait construire un barrage. Il a été détenu pendant quelques heures et son ordinateur portable a été confisqué. Convoqué à nouveau le 19 octobre, il a été retenu plusieurs heures par les forces de sécurité, qui ont conservé son ordinateur. Abou Obeida Abdallah, journaliste du quotidien privé Al-Rai al-Aam, a été maintenu en détention du 29 septembre au 15 octobre à la prison de Kober, à Khartoum, par les forces de sécurité, officiellement dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Mohamed Taha. Il avait par ailleurs couvert le sommet d'Abuja entre le gouvernement et des groupes rebelles du Darfour au mois de mai. Quatre journalistes étrangers et leurs collaborateurs ont payé d'un séjour plus ou moins prolongé dans les prisons du Darfour leur intérêt pour la province occidentale ravagée par une guerre civile. Paul Salopek, correspondant du quotidien Chicago Tribune, avec son interprète et son chauffeur, a passé le mois d'août en prison pour "espionnage" et "diffusion de fausses nouvelles". Tomo Kriznar, militant humanitaire et photographe slovène, a été emprisonné pour le même motif à El-Fasher, capitale du Darfour, du 20 juillet au 2 septembre, avant d'être gracié par le président el-Béchir. Le 10 février, Lydia Polgreen, journaliste du quotidien New York Times, et Michael Kamber, photographe, ainsi que leur guide, ont été retenus pendant quelques heures à la frontières avec le Tchad. Le 30 août, Imam Abdelbagi Al-Khidir, journaliste du quotidien privé Akhir Lahrza, Maha Gabir Mabrouk, stagiaire du même journal, et Safa Al-Salih, correspondant du service arabophone de la British Broadcasting Corporation (BBC), ont été brutalisés et détenus pendant deux heures au commissariat central de Khartoum alors qu'ils couvraient une manifestation populaire contre les difficultés économiques, violemment réprimée par les forces de l'ordre. Le 16 août, Naser Eldien Ahmed Altayeb, journaliste du quotidien privé Al-Ayam, a été nuitamment battu et détenu par les forces de police, alors qu'il enquêtait sur l'expulsion de déplacés internes d'un terrain cédé à un homme d'affaires étranger et situé dans la province d'Algazera, au sud de Khartoum. La veille, quatre journalistes avaient également été détenus pendant quelques heures à Marawi (Nord), alors qu'ils tentaient d'enquêter sur la situation des résidents de la région d'Amri, déplacés dans le cadre de la construction d'un barrage. Il s'agit de Mougahed Abdalla, du quotidien privé Al-Rai al-Shab, d'Aboulgasiem Farahna, du quotidien Alowan, de Moutaz Mahjoob, du quotidien Al-Adwaa et de Mouheb Maher, du quotidien Al-Sudani. Le 3 janvier, Zouhair Al-Sarraj du quotidien privé Al-Sahafa, avait passé 60 heures à la prison de Kober, à Khartoum, avant d'être inculpé d'"insulte au Président".
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Updated on 20.01.2016