Quatrième anniversaire de l'assassinat du journaliste Jean Dominique

A l'occasion du 3 avril 2004, Reporters sans frontières a demandé au Premier ministre haïtien de mettre fin à l'impunité dont ont bénéficié les assassins de Jean Dominique sous "l'ère Aristide". Pour l'organisation, "la résolution de cette affaire serait le signe que l'Etat de droit est en voie d'être restauré."

Quatre ans après l'assassinat du journaliste Jean Dominique, Reporters sans frontières a adressé une lettre au Premier ministre haïtien, Gérard Latortue, en lui demandant de mettre fin à l'impunité dans ce dossier. "Depuis quatre ans, les nombreux obstacles rencontrés par l'enquête sur la mort du directeur de Radio Haïti Inter et du gardien de la station, Jean-Claude Louissaint, étaient révélateurs d'un régime qui avait mis l'impunité au cœur de sa stratégie pour faire taire ses détracteurs. Les assassins et agresseurs de journalistes trop critiques à l'égard du gouvernement n'ont ainsi jamais été punis", a écrit Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Il faut maintenant tourner la page de l'impunité. Parce que l'assassinat de Jean Dominique est celui qui a le plus marqué la société haïtienne ces dernières années, la résolution de cette affaire sera le signe que l'ère Aristide est terminée, que la justice haïtienne recommence à fonctionner et que l'Etat de droit est en voie d'être restauré", a ajouté l'organisation. "L'exécution récemment de deux mandats d'arrêt visant des suspects est un premier signe d'espoir. Beaucoup reste à faire : la Cour de cassation doit notamment se prononcer sur un recours afin qu'un nouveau juge d'instruction soit nommé, et la police doit retrouver les accusés qui se sont évadés du Pénitencier national. Au-delà de la paix et du réconfort qu'elle apportera à la famille de Jean Dominique, la fin de l'impunité dans ce dossier marquera une étape dans l'instauration d'une réelle liberté de la presse en Haïti", a conclu Reporters sans frontières. Une enquête semée d'embuches…
Le 3 avril 2000, Jean Dominique, le journaliste et analyste politique le plus connu du pays, était abattu dans la cour de Radio Haïti Inter dont il était le directeur. Jean-Claude Louissaint, gardien de la station, est également tombé sous les balles des assassins. Pendant près de quatre ans, pratiquement toutes les institutions de l'Etat ont fait obstacle à l'enquête : mandats d'arrêt non exécutés par la police, morts suspectes de deux témoins après leur arrestation, opposition du Sénat à la levée de l'immunité parlementaire de l'un des siens, refus du président Aristide de renouveler le mandat du juge d'instruction en charge du dossier, tentative d'assassinat contre Michèle Montas, la veuve du journaliste, menaces contre Radio Haïti Inter contraignant la station à fermer… L'enquête s'est conclue le 21 mars 2003 lorsque le nouveau juge d'instruction a publié son ordonnance de renvoi accompagnée de la liste des personnes inculpées pour la mort du journaliste. Six exécutants déjà détenus restaient inculpés. En revanche, aucun commanditaire n'était désigné. Tant la veuve du journaliste que les inculpés ont fait appel des conclusions de l'enquête. Le 4 août, la cour d'appel de Port-au-Prince a demandé le lancement d'une nouvelle instruction et la libération de trois des six inculpés. Les trois autres ont alors présenté un recours devant la Cour de cassation. Depuis, celle-ci n'a rendu aucune décision et le dossier est bloqué. Et entre-temps, les trois inculpés toujours détenus se sont évadés. Le 14 mars 2004, la police a arrêté Harold Sévère, ancien maire-adjoint de Port-au-Prince, et Ostide Pétion, alias "Douze", pour leur implication présumée dans les assassinats de Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint. Le premier avait été inculpé le 28 janvier 2003.
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Updated on 20.01.2016