Quatre mois après sa libération, un journaliste baloutche affirme avoir été torturé en prison

Reporters sans frontières est indignée face aux actes de tortures infligés au correspondant pour le quotidien en ourdou Daily Azadi, Javid Lehri, pendant les neuf mois où il est resté en détention à Quetta (province du Baloutchistan, sud-ouest du pays). Dans une interview inédite au quotidien Daily Times, Javid Lehri a déclaré : "J'ai su seulement au bout de trois mois que je me trouvais dans un centre de détention dans les environs de Quetta. Ma cellule, minuscule, était constamment en pleine obscurité". "Le conflit entre les forces gouvernementales et les mouvements séparatistes qui ravage le Baloutchistan touche les journalistes de plein fouet. Cette arrestation était de fait illégale et constitue une insulte à l'Etat de droit. Le témoignage terrifiant de Javid Lehri, enlevé et torturé pour des raisons politiques, doit inciter le gouvernement central à ouvrir une enquête au plus vite afin de punir les coupables de ces actes atroces ", a déclaré Reporters sans frontières Javid Lehri a été enlevé le 29 novembre 2007, dans sa résidence d'étudiant située dans le district de Kuzdar, par une vingtaine d'agents des services secrets militaires (Military Intelligency), probablement en raison de la publication d'articles trop critiques envers le gouvernement. Durant les trois premiers jours de sa détention, Javid Lehri a été pendu par les pieds et battu. Ses geôliers l'ont ensuite enchaîné et torturé. "La torture était tellement insoutenable que j'ai prié pour mourir. J'espérais trouvais n'importe quel objet dans ma cellule qui m'aurait permis de me suicider", a avoué le journaliste. On lui a demandé d'où venait le nom "Azadi" du journal pour lequel il travaille ("libération" en Urdu). D'après le journaliste, les agents des services secrets voulaient savoir pour quel "type de libération" son journal se battait et ont demandé de changer le nom de la publication. "J'ai répondu que je travaillais seulement en tant que correspondant pour ce journal et que je ne pouvais en changer ni le nom, ni la ligne éditoriale. Ils ne m'ont pas cru et ont continué à me battre", a déclaré Javid Lehri. Depuis sa libération, le 22 août 2008, Javid Lehri souffre d' insomnies, de dépressions et de troubles alimentaires. Il doit se rendre tous les quinze jours de son district natal du Baloutchistan jusqu'à Karachi pour suivre ses traitements. "Je n'ai pas assez d'argent pour suivre mes traitements médicaux. Je fais très souvent des cauchemars car je continue à recevoir des appels de menaces sur mon téléphone portable afin de me dissuader de raconter ce qu'il m'est arrivé en prison". Ce témoignage rappelle tristement celui de Munir Mengal, arrêté le 4 avril 2006 et détenu au secret sur ordre de Pervez Musharraf pendant vingt-deux mois par les services de renseignement militaires (Military Intelligence) et la police, pour avoir créé la chaîne de télévision satellitaire Baloch Voice.
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Updated on 20.01.2016