A quatre jours des élections, les programmes de la chaîne PTV restent largement favorables à Pervez Musharraf et à ses partisans
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Entre le 3 et le 12 février 2008, 81 % des sujets politiques (reportages, interviews, analyses, etc.) dans les quatre principaux bulletins d'informations de la chaîne d'Etat PTV ont été consacrés au Président, au gouvernement fédéral ou au parti présidentiel PML (Q). Si l'on observe uniquement les sujets qui traitent des partis politiques et pas des activités du Président et de son gouvernement, le PML (Q) bénéficie de 24,3 % du temps d'antenne, contre 6,7 % pour la formation d'opposition PML (N) et 10,1 % pour le PPP de feue Benazir Bhutto. A lui seul, le PML (Q) a été évoqué pendant 109 minutes et 38 secondes, tandis que le total pour l'opposition est tout juste supérieur à 85 minutes pendant cette même période.
"Malgré les démentis officiels des autorités et de PTV à la première série de résultats publiés par Reporters sans frontières, la tendance n'a pas été inversée. Certes, le PPP et les autres partis d'opposition étaient un peu plus présents sur la seule chaîne de télévision nationale, mais cela ne permet en aucun cas d'affirmer que la couverture médiatique est équitable", a affirmé l'organisation.
"Nous demandons aux observateurs internationaux d'inclure l'absence d'équité de PTV dans leurs conclusions sur le déroulement du processus électoral au Pakistan", a ajouté Reporters sans frontières.
La répartition du temps d'antenne dans les programmes d'informations observés entre le 3 et le 12 février est la suivante : 11,8 % pour le chef de l'Etat, 44,9 % pour le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, 24,3 % pour le parti présidentiel PML (Q), 6,7 % pour la PML (N) de l'opposant Nawaz Sharif, 10,1 % pour le PPP, 0,1 % pour les partis nationalistes (notamment l'ANP), et enfin 2 % pour l'alliance fondamentaliste MMA. La coalition APDM qui appelle au boycott des élections n'a obtenu aucun temps d'antenne.
La couverture accordée à l'ANP, parti nationaliste pachtoune, est essentiellement due à un attentat-suicide qui a visé l'un de ses meetings, le 10 février.
Le PPP a profité à partir du 7 février d'une amélioration notable du temps d'antenne, en raison des cérémonies du Chehlum, organisées quarante jours après l'assassinat de Benazir Bhutto. Lors de ses reportages, PTV a inclus des critiques à l'encontre de l'actuelle direction du PPP, notamment de Mumtaz Bhutto qui a pu dénoncer pendant deux minutes la "politisation de l'assassinat de Benazir Bhutto". Entre le 7 et le 9 février, le PPP est aussi bien couvert que le PML (Q), mais le lendemain, l'écart se creuse de nouveau : le parti présidentiel obtient 13 minutes 20 secondes, tandis que le PPP est à 5 minutes 20 secondes.
Il faut noter une légère amélioration par rapport à la première période observée par l'organisation. Le temps d'antenne est passé de 84,9 % à 81 % pour les partisans du chef de l'Etat.
Reporters sans frontières a également remarqué que PTV relaie souvent les critiques émises par les partisans du régime envers l'opposition. En revanche, l'inverse n'est pas vraie. Ainsi, le 10 février, la chaîne a diffusé les propos du politicien Chaudhry Perwaiz Elahi qui a prédit que le pays serait divisé si le PPP arrivait au pouvoir.
Les autorités ont affirmé que le monitoring de Reporters sans frontières était "mensonger". Elles affirment que le gouvernement n'a rien à voir avec le camp présidentiel. Pourtant, tous les observateurs confirment que la majorité des ministres sont directement ou indirectement des soutiens politiques de Pervez Musharraf ou du PML (Q). Ainsi le Premier ministre par intérim est l'ancien président du Sénat, élu sous les couleurs du PML (Q). Et les ministres de l'Information et de la Coordination interprovinciale sont des dirigeants importants du parti au pouvoir. Un ministre dans le gouvernement provincial du Baloutchistan est même candidat aux élections, en violation de la loi électorale.
Le 6 février, dans le programme "Khabar Nama", PTV a qualifié de "fabriqué et faux" le premier communiqué de Reporters sans frontières. Mais les résultats avaient été déformés. Reporters sans frontières n'a jamais affirmé que 85 % du temps d'antenne avait été accordé au PML (Q), mais au camp présidentiel incluant les activités de ce parti, le chef de l'Etat et le gouvernement.
Le 11 février, PTV a lancé un nouveau programme "Election hour" qui, selon la chaîne, "donnera la parole à tous les partis". Mais il est à douter que cela suffise pour équilibrer la répartition du temps d'antenne avant le scrutin.
Enfin, l'autorité de régulation des médias audiovisuels, PEMRA, a récemment établi des règles pour les chaînes de télévision privées concernant la couverture des événements le jour des élections. Aucune estimation ne devra être diffusée avant que le responsable d'un bureau de vote n'annonce les résultats officiels.
Depuis le 28 janvier 2008, Reporters sans frontières réalise un monitoring de la couverture par la chaîne d'Etat PTV de la campagne des élections législatives du 18 février prochain.
Publié le
Updated on
20.01.2016