Quatre journalistes menacés de mort

Reporters sans frontières s'est inquiétée des menaces de mort reçues par Abner Gouz, du quotidien El Periódico, Rosa María Bolaños, du quotidien Siglo XXI, Ronaldo Robles et Marielos Monzón, tous deux de la station de radio Emisoras Unidas, et sept militants des droits de l'homme. Dans une lettre adressée à Eduardo Arévalo Lacs, ministre de l'Intérieur, l'organisation a demandé l'ouverture d'une enquête sérieuse afin que les auteurs de ces menaces soient arrêtés et sanctionnés. "De plus en plus, les organisations de défense des droits de l'homme et ceux qui relayent des informations sur les violations des droits de l'homme font l'objet de pressions constantes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Ce nouvel acte d'intimidation traduit une dégradation de la situation de la liberté de la presse au Guatemala", a déploré Robert Ménard. Ce dernier a rappelé qu'en avril 2002, David Herrera, journaliste indépendant, a été contraint à l'exil, alors qu'il enquêtait sur les violations des droits de l'homme, attribuées à l'armée, au Guatemala, à l'époque de la guerre civile. Selon Reporters sans frontières, en 2001, une vingtaine de journalistes ont été menacés ou agressés et plusieurs rédactions ont été victimes d'actes d'intimidation dans le pays. L'organisation a également demandé à Eduardo Arévalo Lacs de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des journalistes. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Abner Gouz, du quotidien El Periódico, Rosa María Bolaños, du quotidien Siglo XXI, Ronaldo Robles et Marielos Monzón, de la station de radio Emisoras Unidas, ainsi que sept membres d'organisations de défense des droits de l'homme, ont fait l'objet de menaces de mort le 7 juin 2002. Dans un communiqué anonyme adressé au siège de l'organisation Alliance contre l'impunité et aux rédactions des médias, les journalistes et militants des droits de l'homme, qualifiés d'"ennemis de la patrie", sont menacés d'"extermination" par un groupe se faisant appeler "les vrais guatèmaltèques". Ces menaces font suite à la visite, du 27 au 31 mai dernier, de Hina Jilani, représentante spéciale des Nations unies pour les défenseurs des droits de l'homme, également mentionnée dans le communiqué. Au terme de sa visite, cette dernière avait demandé au gouvernement l'ouverture d'une enquête afin d'identifier et de neutraliser les groupes armés qui menacent les défenseurs des droits de l'homme et qui opéreraient avec le soutien de l'armée. Elle avait qualifié de "très grave et préoccupante" l'existence de ces groupes clandestins. Les journalistes et les sept défenseurs des droits de l'homme menacés ont porté plainte auprès du procureur chargé des droits de l'homme, Tatiana Morales. Selon les conclusions de la Commission pour la vérité historique (Comisión para el Esclarecimiento Histórico, CEH), présentées en février 1999, l'armée serait responsable de 93% des massacres commis pendant la guerre civile qu'a connue le pays entre 1960 et 1996 et qui a fait près de 200 000 morts et disparus. Cependant, les autorités ont refusé de mettre en œuvre les recommandations de la CEH et notamment la mise en place d'une commission spéciale chargée d'enquêter au sein de l'armée afin d'épurer ses rangs des principaux responsables des exactions.
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Updated on 20.01.2016