Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude après les menaces de mort adressées à quatre journalistes de radio, le 15 décembre 2007 à Aucayacu (Centre), au moyen de tracts déposés sur la voie publique et signés du Sentier lumineux. S'il n'est pas certain que la guérilla soit à l'origine des menaces, leur signature appelle à une réelle vigilance.
Reporters sans frontières demande que soient prises très au sérieux les menaces adressées à quatre journalistes de radio de la région de Huánuco (Centre), via des tracts distribués à la population, le 15 décembre 2007, et signés du Sentier lumineux. S'il n'est pas certain que la guérilla soit à l'origine des menaces, Huánuco est une zone particulièrement exposée à la criminalité et au narcotrafic, et risquée pour les professionnels des médias.
“Les journalistes péruviens ont payé un lourd tribut au plus fort de la ‘guerre populaire' du Sentier lumineux. Il n'est pas dit, aujourd'hui, que la guérilla maoïste, en grande partie démantelée, soit effectivement à l'origine des menaces dont Ranforte Lozano, Segundo Ramírez, Novel Panduro et Cirilo Velásquez ont été les cibles. La seule appellation ‘Sentier lumineux' suffit pourtant à effrayer et certains groupes armés, notamment liés au narcotrafic, n'hésitent pas à se dissimuler derrière elle. Sachant que les quatre journalistes ont eux-mêmes travaillé sur la question ô combien sensible de la coca, la menace qui pèse sur eux est à prendre au sérieux. Les autorités doivent établir au plus vite l'origine de ces avertissements et veiller à la meilleure protection possible des victimes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le 15 décembre 2007, de mystérieux tracts ont été déposés devant l'entrée principale de la municipalité d'Aucayacu, dans la région de Huánuco. Ces tracts signés du Sentier lumineux, contenaient des menaces de mort adressées à une liste de personnes connues localement, dont quatre journalistes de deux stations de radio privées. Ranforte Lozano et Segundo Ramírez travaillent à Radio Aucayacu, Novel Panduro et Cirilo Velásquez appartiennent à la rédaction de Radio Luz.
“Evitez de sortir de vos maisons la nuit ou à des heures tardives car nous déclinerons toute responsabilité pour les choses qui pourraient arriver dans les centres nocturnes”, a-t-on pu lire sur un exemplaire envoyé à Reporters sans frontières par l'un des journalistes ciblés (voir-ci-dessous). L'auteur, dont la prose se termine à la première personne, jure qu'il n'aura aucun regret en situation de “guerre”, à “tuer des corrompus” qui “salissent la société politique”. Les quatre journalistes, qui ont déposé plainte au commissariat d'Aucayacu, sont connus pour avoir consacré des reportages au thème de la coca et avoir encouragé les producteurs (cocaleros) à ne pas céder à l'emprise des narcotrafiquants. Ils ont également dénoncé les abus des forces de l'ordre.
Réputé pour être un vivier de trafiquants de drogue, d'anciens guérilleros et de policiers versant dans le paramilitarisme, la région de Huánuco reste marquée par la guerre qui a opposé le Sentier lumineux et le gouvernement de Lima, entre 1980 et 2000. Les actions du Sentier lumineux et la répression militaire ont fait plus de 70 000 morts et disparus durant cette période.