Mutabar Tadjibayeva
Il y a encore six ans, Mutabar Tadjibayeva luttait contre la mort au fond d'une prison ouzbèke. Incarcérée d'octobre 2005 à juin 2008, placée à l'isolement plus d'une centaine de jours et soumise à des sévices monstrueux pour avoir refusé de signer des aveux, cette journaliste indépendante et défenseure des droits de l'homme aura payé très cher son engagement. Son crime ? Avoir documenté depuis plusieurs années les violations des droits de l'homme commises par les autorités ouzbèkes, avoir défendu leurs victimes. Et surtout, avoir enquêté sur le massacre d'Andijan en 2005, lorsque les forces de l'ordre ont réprimé dans le sang un mouvement de protestation, au prix de centaines de morts. Libérée en 2008 après avoir été désignée lauréate du prix international Martin-Ennals, elle vit aujourd'hui en France. Et malgré une nouvelle campagne de calomnie, elle n'a rien perdu de sa combativité : elle dirige aujourd'hui l'ONG « Club des Cœurs ardents », qui a lancé le site d'information Jarayon. Ce dernier, qui s'appuie sur un vaste réseau de citoyens-journalistes et d'activistes locaux, publie en trois langues et constitue l'une des très rares sources d'information indépendante sur l'Ouzbékistan et les pays voisins.