Reporters sans frontières et Journaliste en danger (JED), son organisation partenaire en République démocratique du Congo (RDC), demandent au tribunal militaire de Bukavu (Sud Kivu, Est) la remise en liberté de Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu, les deux amis du journaliste de Radio Okapi assassiné Serge Maheshe, accusés à tort d'être les commanditaires du crime.
Reporters sans frontières et Journaliste en danger (JED), son organisation partenaire en République démocratique du Congo (RDC), demandent au tribunal militaire de Bukavu (Sud Kivu, Est) la remise en liberté de Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu, les deux amis du journaliste de Radio Okapi assassiné Serge Maheshe, accusés à tort d'être les commanditaires du crime.
"Le tribunal militaire de Bukavu doit sauver l'honneur en procédant à la libération des deux amis de Serge Maheshe, contre lesquels ne pèsent plus aucune accusation. Pour rendre réellement justice à la famille et aux proches du journaliste, le scénario de l'assassinat doit être repris depuis le début et les magistrats militaires qui ont entraîné le tribunal dans une mascarade stupéfiante doivent s'expliquer. La triste comédie de cette erreur judiciaire a assez duré", ont déclaré les deux organisations, à la veille de l'ouverture du procès en appel des assassins présumés.
Le procès en appel de Freddy Bisimwa Matabaro et Mugisho Rwezangabo Mastakila, deux civils préalablement connus à Bukavu pour de petits délits, et de Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu, deux témoins oculaires du crime et amis proches du journaliste, s'ouvre le 6 février 2008 à Bukavu, ont appris Reporters sans frontières et JED auprès de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC).
Le tribunal militaire de Bukavu avait condamné, le 28 août 2007, Freddy Bisimwa Matabaro et Mugisho Rwezangabo Mastakila à la peine capitale pour "assassinat", tandis que Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu, avaient été condamnés à la même peine pour "association de malfaiteurs". Le jugement avait été rendu en se fondant sur les seuls "aveux" des deux premiers, expliquant être les auteurs matériels de l'assassinat et qui avaient accusé les amis du journaliste d'être les commanditaires du crime, sans avoir pu fournir ni mobile ni élément matériel. En rendant son verdict, le tribunal avait reconnu lui-même la persistance de "zones d'ombre" dans le dossier.
Mais dans une lettre datée du 8 septembre 2007, dont Reporters sans frontières et JED détiennent une copie, Freddy Bisimwa Matabaro et Mugisho Rwezangabo Mastakila ont accusé deux magistrats militaires de les avoir soudoyés pour accuser les deux amis de la victime. Ils ont affirmé que ceux-ci leur ont fourni des informations compromettantes, de manière à étayer leur scénario. Ils ont déclaré qu'ils souhaitaient innocenter Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu et ont demandé que les deux hommes soient relâchés. Ils ont affirmé, par ailleurs, que les magistrats leur avaient remis la carte SIM du téléphone de la victime, ainsi que l'arme du crime. Ils ont raconté qu'en contrepartie de ces dénonciations calomnieuses, les magistrats leur avaient promis une libération rapide et une rente financière.
Serge Maheshe, secrétaire de rédaction de Radio Okapi à Bukavu, a été tué par balles le 13 juin dans la soirée par deux inconnus, alors qu'il s'apprêtait à remonter dans son véhicule marqué du sigle des Nations unies (UN).