Cinq représentantes des Dames en blanc, mouvement des épouses et mères de prisonniers cubains, sont attendues le 14 décembre au Parlement européen pour recevoir le prix Sakharov. Le 12 décembre, elles n'avaient toujours pas reçu leur autorisation de sortie du territoire cubain. Reporters sans frontières demande aux autorités de La Havane de la leur accorder.
A quarante-huit heures de la remise du prix Sakharov par le Parlement européen, les cinq représentantes des Dames en blanc, collectif des épouses et mères de dissidents emprisonnés, sont toujours retenues sur le sol cubain. Reporters sans frontières, colauréat du prix avec les Dames en blanc et l'avocate nigériane Hauwa Ibrahim, demande aux autorités de La Havane d'accorder leur autorisation de sortie à Miriam Leiva, Laura Pollán, Loida Valdés, Berta Soler et Julia Nuñez.
« La Déclaration universelle des droits de l'homme stipule que tout individu a droit à la liberté de circuler, d'entrer et de sortir de son pays. Cuba est tenu de respecter ce principe en tant que pays membre des Nations unies. D'autre part, les Dames en blanc sont déjà lauréates du prix Sakharov et leur combat a acquis reconnaissance et légitimité au plan international. Le régime aurait tort de croire qu'il occulterait cette réalité, en interdisant aux Dames en blanc de recevoir le prix. Nous demandons donc aux autorités cubaines d'accorder leur autorisation de sortie aux cinq Dames en blanc attendue à Strasbourg », a déclaré Reporters sans frontières.
Les cinq représentantes des Dames en blanc, désignées pour recevoir le prix Sakharov, devaient prendre un vol au départ de La Havane dans la nuit du 11 au 12 décembre. Elles en ont été empêchées, en l'absence d'autorisation officielle pour quitter le territoire cubain. Elles attendaient de pouvoir emprunter un autre vol dans la nuit de lundi.
« Le scandale sera beaucoup plus grand si le prix reste là-bas. Je pense qu'il est pire pour le gouvernement de ne pas nous laisser partir », a déclaré Laura Pollán, l'une des cinq Dames en blanc, citée par l'Agence France-Presse (AFP).
Le groupe des Dames en blanc a vu le jour au début de l'année 2004. Il mobilise des femmes et mères de dissidents emprisonnés depuis la vague répressive du printemps 2003. Parmi les cinq représentantes du mouvement attendues à Strasbourg, quatre sont les épouses de journalistes arrêtés à l'époque avec 23 de leurs collègues, dont 20 sont encore détenus. Miriam Leiva est la femme d'Oscar Espinosa Chepe, libéré le 29 novembre 2004 après vingt mois d'incarcération. Laura Pollán est l'épouse d'Hector Maseda Gutiérrez, du Grupo de Trabajo Decoro. Loida Valdés est la femme d'Alfredo Felipe Fuentes, de l'école de journalisme Sociedad Manuel Marquez Sterling, fondée par le correspondant de Reporters sans frontières Ricardo González Alfonso, lui aussi en prison. Julia Nuñez est l'épouse de Juan Adolfo Fernández Sainz, de l'agence Patría. Hector Maseda Gutiérrez, Alfredo Felipe Fuentes et Juan Adolfo Fernández Sainz purgent respectivement des peines de 20, 26 et 15 ans de prison.