Privation totale de publicité officielle pour le quotidien Stabroek News
Reporters sans frontières condamne la privation de publicité officielle dont fait l'objet le quotidien privé d'opposition Stabroek News. Cette mesure laisse penser que le journal est pénalisé financièrement en raison de ses partis pris éditoriaux. L'organisation demande au gouvernement de sortir de son mutisme.
Reporters sans frontières condamne la privation de publicité officielle dont fait l'objet le quotidien Stabroek News, et dénonce le mutisme du gouvernement face aux récentes démarches de la rédaction contre cette mesure discriminatoire. “L'octroi ou le retrait de la publicité officielle dans les médias ne doit pas servir à récompenser ou à punir ces derniers. Cette clause figure dans la Déclaration de Chapultepec que le président guyanais Bharrat Jagdeo a lui-même signée. Malheureusement, le silence qu'oppose son gouvernement aux réclamations légitimes de Stabroek News laisse penser que le quotidien est pénalisé financièrement en raison de ses partis pris éditoriaux. Nous attendons des explications du gouvernement et espérons, si elles tardent, que la Commission interaméricaine des droits de l'homme lui enjoindra de les fournir”, a déclaré Reporters sans frontières. Principal quotidien privé du Guyana, Stabroek News observe une ligne critique envers le gouvernement du président Bharrat Jagdeo. Depuis novembre 2006, trois mois après la réelection de ce dernier à un second mandat, la direction du quotidien a constaté que ses recettes tirées de la publicité officielle (annonces gouvernementales, communiqués ministériels, etc.) s'étaient considérablement réduites. Selon Stabroek News et l'Association de la presse du Guyana, Nanda Gopaul, le secrétaire permanent de la présidence, a ordonné à l'Agence d'information du gouvernement (GINA), chargée de répartir la manne publicitaire, de ne plus en attribuer au quotidien. La GINA a, par la suite, confirmé que seules les annonces émanant de l'administration fiscale passeraient dans les colonnes de Stabroek News. Rédacteur en chef du quotidien, David de Caires s'est plaint de n'avoir jamais obtenu la moindre réponse à ses demandes d'entretien auprès du directeur de la GINA, Prem Misir. Le 3 janvier 2007, le journaliste a adressé à celui-ci une lettre dénonçant une attaque directe contre Stabroek News “pour des raisons politiques”, en violation des principes de la Déclaration de Chapultepec du 11 mars 1994 sur la liberté d'information et d'expression, signée par le président Jagdeo. Le 9 janvier, Karen Persaud, responsable de la direction publicitaire de la GINA, a répondu laconiquement à David de Caires que “sa requête avait bien été prise en compte mais qu'elle n'avait pas encore été examinée par la direction concernée”. Le lendemain, le rédacteur en chef de Stabroek News a expédié un nouveau courrier pour fustiger une réponse “imprécise et insatisfaisante”. Depuis, le journal n'a reçu aucune nouvelle.