Prison à vie confirmée en appel contre trois célèbres journalistes turcs : RSF dénonce un lynchage judiciaire

Le tribunal régional d’Istanbul a confirmé, ce 2 octobre 2018, la condamnation des célèbres journalistes Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazlı Ilıcak à la prison à vie aggravée. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un lynchage judiciaire.

La sentence est tombée dans la soirée du 2 octobre : le tribunal régional d’Istanbul a confirmé la condamnation d’Ahmet Altan, Mehmet Altan et Nazlı Ilıcak à la prison à vie assortie d’un strict isolement. Comme en première instance, les célèbres journalistes ont été reconnus coupables d’avoir “tenté de renverser l’ordre constitutionnel”. Leur ultime recours se trouve désormais entre les mains de la Cour de cassation.


“C’est un véritable lynchage judiciaire dont font l’objet ces journalistes de renom, dénonce le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. La perspective qu’ils finissent leurs jours derrière les barreaux dans le plus grand isolement est tout simplement honteuse pour les autorités turques. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre fin à l’arbitraire total qui prévaut en Turquie.”


Arrêtés en septembre 2016, les frères Altan et Nazlı Ilıcak avaient déjà été condamnés à la prison à vie aggravée en première instance. En cause, leurs activités journalistiques, et notamment leurs critiques des autorités au cours d’une émission de télévision diffusée la veille de la tentative de putsch de juillet 2016. Marqué par de multiples violations procédurales, leur procès a fait l’impasse sur un arrêt contraignant de la Cour constitutionnelle, selon lequel la détention de Mehmet Altan constituait une violation injustifiée de ses droits. Ce n’est qu’après six mois de résistance que la justice a fini par remettre Mehmet Altan en liberté sous contrôle judiciaire, en juin. Il retournera cependant en prison si sa peine est confirmée en cassation.


Après avoir prétendu qu’Ahmet Altan avait fait passer des “messages subliminaux” en faveur des putschistes, le procureur s’est efforcé de démontrer que les journalistes avaient fait “usage de la force… de façon immatérielle”.


La Turquie occupe la 157e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2018 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique après la tentative de putsch de juillet 2016 : de nombreux médias ont été liquidés sans aucun recours effectif, les procès de masse se succèdent, et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.

Publié le
Updated on 03.10.2018