Prescription d’actions publiques sur les assassinats de six journalistes
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Le 24 avril 2011, arrivera à terme le délai de prescription pour les poursuites pénales sur les assassinats de Julio Daniel Chaparro et Jorge Enrique Torres, journalistes d’El Espectador. Chaparro et Torres enquêtaient sur le massacre paramilitaire de Segovia, à Antioquia (nord-ouest) en 1988 quand ils ont été assassinés le 24 avril 1991.
Le délai de prescription de l’action pénale pour ces crimes est de vingt ans et, pourtant, jusqu’à la semaine dernière, l’enquête menée par l’Unité des droits de l’homme du Parquet général était toujours au stade préliminaire, et n’avait donné lieu à aucune inculpation. Hier, un procureur a déclaré fermer l’enquête du fait que les présumés responsables seraient morts. Ces assassinats restent donc dans l’impunité totale.
D’ici la fin de l’année, les actions pénales concernant les assassinats de quatre autres journalistes risquent également d’arriver à prescription. Les crimes commis il y a vingt ans contre les journalistes Carlos Julio Rodríguez (20 mai 1991), José Libardo Méndez (20 mai 1991), Arsenio Hoyos Lozano (13 septembre 1991) et Rafael Solano Rochero (30 octobre 1991) ne doivent pas rester impunis ni tomber dans l'oubli.
La Fondation pour la liberté de la presse (FLIP), organisation colombienne partenaire de Reporters sans frontières, a envoyé une lettre au Procureur général, Viviane Morales, le 24 mars dernier, dénonçant cette situation qui requière une action urgente pour éviter de fermer définitivement les dossiers. Pour l’organisation, ces crimes doivent être déclarés crimes contre l’humanité, qui restent, quant à eux, imprescriptibles. L’assassinat du journaliste Guillermo Cano a été déclaré ainsi par l’Unité des droits de l’homme du Parquet en juillet 2010 soulignant qu’il avait été commis dans un plan orchestré par des narcotrafiquants de l’époque.
Reporters sans frontières rappelle que la justice colombienne a la responsabilité d’enquêter, identifier et poursuivre les responsables de crimes contre les journalistes. Faute d'actions sérieuses pour les prévenir et éviter l'impunité, la responsabilité internationale de l’État pourrait être engagée. La Rapporteuse spéciale pour la liberté d’expression de la Commission Interaméricaine des droits de l’homme a déjà signalé, le 15 avril 2011, que la majorité de ces délits étaient restés impunis. La Colombie doit faire du respect de la liberté d’expression et du combat contre l’impunité une priorité, et déclarer imprescriptibles les crimes commis pour restreindre l ‘exercice de la liberté d’expression et la liberté d’informer en conformité avec la déclaration de Medellin, en 2007, sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité.
Publié le
Updated on
20.01.2016