Première inculpation de journalistes pour atteinte à la sécurité de l'Etat : Reporters sans frontières demande au tribunal de ne pas créer de précédent regrettable
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Le procès de deux journalistes du quotidien Berlingske Tidende, Michael Bjerre et Jesper Larsen, et du rédacteur en chef du journal, Niels Lunde, inculpés d'”atteinte à la sécurité de l'Etat”, a débuté à Copenhague le 13 novembre. C'est la première fois que le Danemark, l'un des pays les plus respectueux de la liberté de la presse, poursuit des journalistes sous ce chef d'inculpation. Le procès devrait comprendre au moins cinq audiences et le verdict ne sera pas connu avant la fin du mois. Les journalistes risquent jusqu'à deux ans de prison.
“Nous sommes surpris par la décision de traduire en justice des journalistes sous ce chef d'inculpation. C'est une première au Danemark et nous espérons qu'ils seront innocentés. Dans le cas contraire, ce jugement créerait un précédent extrêmement préjudiciable à la liberté de la presse. Nous rappelons qu'il est du devoir des journalistes d'agir dans l'intérêt général. En l'occurrence, l'information révélée permettait d'apprécier la décision danoise de rejoindre la coalition anglo-américaine en Irak sous un jour nouveau, puisqu'elle indiquait qu'en 2003 rien ne confirmait la présence d'armes de destruction massive en Irak. L'officier de renseignement qui avait transmis au journalistes des extraits de rapports confidentiels, Frank Grevil, a été jugé et condamné à quatre mois de prison l'année dernière. Les fuites survenues au ministère de la Défense ne sauraient être reprochées aux journalistes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Michael Bjerre, Jesper Larsen et Niels Lunde (en sa qualité de rédacteur en chef) sont accusés d'avoir publié, les 22, 23 février et 7 mars 2004, des informations provenant des services secrets danois. Un agent du renseignement militaire leur avait transmis des extraits de rapports selon lesquels aucune information crédible sur l'existence d'armes de destruction massive (ADM) en Irak n'était disponible avant l'intervention militaire de mars 2003. La présence d'ADM avait été le principal argument avancé par le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen pour justifier la participation du Danemark à la coalition anglo-américaine. Michael Bjerre et Jesper Larsen avaient déjà été mis en examen, le 26 avril 2004, pour “publication d'informations illégalement obtenues par un tiers”, d'après l'article 152-d du code pénal. Ils risquaient alors une peine maximale de six mois de prison. Les chefs d'inculpation ont été aggravés et les deux hommes, ainsi que leur rédacteur en chef, sont désormais accusés “d'atteinte à la sécurité de l'Etat”
L'affaire du Berlingske Tidende porte à neuf le nombre de journalistes inculpés de divulgation de secret d'Etat en Europe occidentale depuis le début de l'année 2006.
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28 avril 2006
Reporters sans frontières demande au gouvernement d'abandonner les poursuites contre trois journalistes accusés d'avoir publié des documents secrets
Reporters sans frontières est inquiète de la décision du procureur du royaume d'inculper deux journalistes du quotidien Berlingske Tidende, Michael Bjerre et Jesper Larsen d'atteinte à la sécurité de l'Etat. Les deux hommes sont accusé d'avoir publié, les 22, 23 février et 7 mars 2004, des informations provenant des services secrets danois. Un agent du renseignement militaire (FE), Frank Soeholm Grevil, leur avait transmis des extraits de rapports selon lesquels aucune information crédible sur l'existence d'armes de destruction massives (ADM) en Irak n'était disponible avant l'intervention militaire de mars 2003. La présence d'ADM avait été le principal argument avancé par le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen pour justifier la participation du Danemark à la coalition anglo-américaine. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le rédacteur en chef du journal, Niels Lunde, aurait également été inculpé, le 28 avril.
“Nous demandons au gouvernement d'abandonner immédiatement les poursuites engagées contre les journalistes du Berlingske Tidende. Nous rappelons qu'il est du devoir des professionnels des médias de publier des informations d'intérêt général. Les journalistes ne peuvent en aucun cas être tenus responsables de fuites provenant de l'administration d'un pays. Par ailleurs, comment le gouvernement peut-il considérer que la sécurité du Danemark est toujours menacée, trois ans après les faits? Enfin, ces accusations sont surprenantes et choquantes pour un pays comme le Danemark, l'un des plus respectueux de la liberté de la presse dans le monde. Elles pourraient créer un dangereux précédent”, a déclaré Reporters sans frontières.
Michael Bjerre et Jesper Larsen avaient déjà été mis en examen, le 26 avril 2004, pour “publication d'informations illégalement obtenues par un tiers”, d'après l'article 152-d du code pénal. Ils risquaient alors une peine maximale de six mois de prison. Aujourd'hui, les chefs d'inculpation ont été aggravés et les deux hommes sont désormais accusés “d'atteinte à la sécurité de l'Etat” et risquent deux ans de prison.
Contacté par reporters sans frontières, le représentant syndical de la rédaction du Berlingske Tidende, Jesper Termansen, a déclaré que toute l'équipe du journal était sous le coup de la décision du procureur. « Les deux journalistes ont fait un travail honnête. Ce serait une erreur de la part du procureur de continuer à les poursuivre. Dans le cas contraire, la démocratie serait en danger au Danemark », a-t-il ajouté.
Le président du syndicat des journalistes danois, Mogens Blicher Bjerregaard, s'est déclaré de son côté «choqué» par cette inculpation et prêt à saisir la Cour européenne des droits de l'homme si ses adhérents étaient condamnés.
La date du procès n'a pas été fixée.
En Allemagne, deux journalistes ayant publié un rapport confidentiel de l'armée allemande sur le soutien de l'Iran à des membres du réseau Al-Qaïda, ont été inculpés en mars 2006. En Suisse, trois journalistes du SonntagsBlick encourent la prison pour avoir révélé l'existence de prisons secrètes de la CIA sur le territoire suisse.
L'affaire du Berlingkse Tidende porte donc à huit le nombre de journalistes inculpés de divulgation de secret d'Etat en Europe occidentale depuis le début de l'année 2006.
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Updated on
20.01.2016