Polémique autour du harcèlement par l'armée de trois journalistes ayant couvert une libération d'otages des FARC
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Reporters sans frontières demande au gouvernement de s'expliquer sur le traitement réservé par l'armée à Hollman Morris, producteur et présentateur du programme ContravÍa (“à contre-courant”) sur la chaîne publique nationale Canal Uno, également correspondant de Radio France Internationale (RFI), Leonardo Acevedo, son cameraman, et Camilo Raigozo, de l'hebdomadaire communiste Voz, le 2 février 2009 dans le département de Caquetá (Sud).
“Ce n'est pas la première fois que ces journalistes, connus pour leurs positions critiques vis-à-vis de l'administration d'Alvaro Uribe, sont l'objet d'intimidations et d'accusations en haut lieu, venant même du président de la République. Le gouvernement ne peut blâmer Hollman Morris de ne pas respecter des mesures de protection et, en même temps, rendre sa sécurité encore plus précaire en l'accusant faussement d'être proche des FARC. Par ailleurs, les journalistes n'ont jamais diffusé le contenu d'enegistrements réalisés sous la pression de la guérilla. Qu'espéraient les militaires en récupérant leur matériel ? Le ministère de la Défense doit s'expliquer sur un procédé qui tient de la tentative de censure et de l'entrave à la liberté de mouvement des journalistes”, a déclaré Reporters sans frontières.
Hollman Morris et ses collègues venaient de couvrir la libération de quatre otages par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le 2 février 2009, lorsque des militaires les ont contrôlés à plusieurs barrages et exigé, en vain, de récupérer leurs enregistrements. Les journalistes s'étaient auparavant entretenus avec les trois policiers et le soldat en passe d'être relâchés. Ils ont pu regagner la capitale le 3 février.
Le gouvernement colombien a reproché à Hollman Morris de ne pas faire preuve “d'objectivité et d'impartialité dans son travail de journaliste” et a exprimé une nouvelle fois un soupçon de “connivence” avec les FARC. Le producteur de Contravía s'est défendu en faisant valoir qu'il n'avait pas diffusé le contenu de ses enregistrements, les otages n'étant pas libres de leurs propos. Selon l'Agence France-Presse (AFP), ces mêmes otages ont affirmé avoir été menacés de ne pas être libérés, s'ils ne répétaient pas des paroles dictées par les guérilleros.
Une autre polémique s'est ajoutée à la première. Plusieurs fois menacé et contraint à l'exil, Hollman Morris bénéficie d'un programme de protection supervisé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) et sous la responsabilité du gouvernement colombien. Selon le gouvernement, en couvrant une mission de libération d'otages censément “interdite à la presse”, le journaliste aurait engagé la responsabilité des autorités en charge de sa sécurité personnelle. Au cours d'une conférence de presse, le président Alvaro Uribe a qualifié Hollman Morris de “permissif et complice du terrorisme” et a suggéré la révision des mesures de sécurité dont bénéficie le journaliste.
Journaliste plusieurs fois primé, excellent connaisseur du conflit colombien, Hollman Morris a déjà été l'objet d'une campagne de calomnie de la mouvance paramilitaire, notamment par le bias d'une vidéo trafiquée qui le présentait avec d'autres personnalités comme un “porte-parole des FARC”. Il est la cible régulière de menaces de mort des Aguilas Negras, un groupe paramilitaire reconstitué après la démobilisation des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), en 2006. Le directeur de l'hebdomadaire Voz, Carlos Lozano, connaît une situation similaire.
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20.01.2016