Plusieurs journalistes brutalisés par l'armée dans le cadre de son opération contre une milice clanique du Mont Elgon
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Reporters sans frontières condamne les brutalités et les abus de pouvoir commis par l'armée kenyane à l'encontre de journalistes couvrant les opérations militaires dans le district du Mont Elgon (Ouest) et demande aux autorités civiles de veiller à ce que les droits de la presse soient respectés par les forces de sécurité.
"D'une part, les Kenyans ont le droit de savoir ce qui se passe sur leur territoire, lorsque l'armée mène des opérations d'envergure. Il n'est donc pas admissible que la presse soit tenue à l'écart. D'autre part, le comportement brutal des soldats n'a aucune excuse. Les journalistes sont protégés par des lois et des conventions, et les militaires sont tenus de les respecter. C'est la responsabilité des autorités civiles kenyanes de faire en sorte que les militaires en soient conscients", a déclaré l'organisation.
Le 13 mars 2008, Bakari Juma, cameraman de la chaîne privée NTV, a été arrêté par des militaires alors qu'il filmait le déplacement des troupes dans le district du Mont Elgon, où l'armée a lancé une opération contre la milice des Forces de défense des terres des Sabaot (SDLF). Ce groupe armé, accusé d'avoir perpétré une douzaine d'assassinats à caractère ethnique début mars, affirme se battre pour les territoires d'un clan de la communauté Kalenjin et opère depuis des bases cachées dans la forêt au-dessus de la localité de Cheptais. Le journaliste a été conduit de force au camp militaire de Kaptoka, où sa camera a été confisquée.
Le 12 mars, plusieurs journalistes ont été brutalisés par l'armée non loin de Cheptais, après que l'armée avait interdit l'accès à la zone d'opération à la presse. Sammy Cheboi, journaliste du Nation Media Group, et Hillary Obinda, cameraman de NTV, notamment, ont été arrêtés par l'armée sur la route entre Cheptais et Lwakhakha, forcés de se mettre à genoux et giflés à plusieurs reprises. Les soldats ont confisqué leur matériel de prise de vue et effacé leur contenu. Après leur avoir rendu leur équipement, ils ont ordonné aux journalistes de quitter la zone et de ne plus revenir.
L'armée kenyane a bouclé la région et a même interdit, devant des journalistes, à des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) d'accéder à la zone de combat.
Publié le
Updated on
20.01.2016