Reporters sans frontières dénonce les attaques de militants du BNP (parti au pouvoir) contre des journalistes qui manifestaient en soutien à trois de leurs collègues, à Kushtia. Ces derniers s'étaient enfuis de la ville, le 10 mai, suite à des menaces d'un député du BNP.
Le 29 mai 2006, 25 journalistes ont été blessés à Kushtia (Ouest) par des militants du parti au pouvoir, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), lors d'une manifestation organisée par des professionnels des médias pour protester contre les violences et les injustices subies par plusieurs d'entre eux.
“Nous demandons aux militants du BNP de cesser immédiatement leurs actes de violence à l'égard des journalistes et appelons les leaders de ce parti à rappeler à l'ordre leurs sympathisants. La police doit également mettre en oeuvre plus de moyens afin d'assurer la sécurité des professionnels de l'information”, a déclaré Reporters sans frontières.
Des militants du BNP ont lancé des briques, des bâtons et des chaises sur les 150 journalistes qui avaient organisé un rassemblement pour défendre la liberté de la presse dans leur ville. Plusieurs ont été gravement blessés dont Iqbal Sobhan Chowdhury, directeur du quotidien Bangladesh Observer et président sortant de l'Union fédérale des journalistes du Bangladesh (BFUJ), Saiful Islam Talukder, correspondant du Daily Amader Shomoy, et Mizanur Rahman Bheza, rédacteur en chef du Daily Kushtia, transporté à l'hôpital Kushtia General.
La manifestation avait été organisée en soutien au retour à Kushtia de trois journalistes (Hasan Jahid, correspondant du Daily Manabzamin, Munshi Tariqul Islam, correspondant du Daily Shamokal et Al Mamun Sagor, correspondant du Daily Jugantar) qui s'étaient enfuis de la ville, le 10 mai 2006, après avoir été menacés par un député du BNP, Shahidul Islam (photo). Suite à cette nouvelle agression, les trois hommes sont retournés à Dacca.
Le député a également engagé des poursuites judiciaires contre les trois reporters, les accusant de lui avoir proposé de ne pas publier des articles le dénonçant en échange de 50 000 takas (575 euros). Les reporters, qui nient les accusations, affirment avoir été pris pour cibles suite à la publication d'articles dénonçant la corruption de politiciens locaux et révélant la baisse de popularité du député.
Reporters sans frontières avait déjà répondu à l'appel des journalistes et adressé une lettre à Shahidul Islam, lui demandant d'offrir des garanties afin que les reporters puissent rentrer chez eux en toute sécurité.
Par ailleurs, le 30 mai au matin, des militants ont investi les bureaux du quotidien Andonoler Bazar. Le responsable de la distribution du journal a été victime de violences et des plaques d'impression ont été dérobées, empêchant le journal de paraître. Le rédacteur en chef du journal, Mithu Chowdhury, avait participé à l'organisation du rassemblement de la veille.