“Plus royaliste que le roi” : Reporters sans frontières dénonce le renforcement de la censure au nom du crime de lèse-majesté

Reporters sans frontières dénonce les mesures prises par le ministère thaïlandais de l'Information à l'encontre d'Internet depuis le début du mois de novembre, allouant près de 12 millions d'euros pour mettre en place un portail de filtrage du Web pour bloquer les sites coupables de “lèse-majesté”.

Reporters sans frontières dénonce les mesures prises par le ministère thaïlandais de l'Information à l'encontre d'Internet depuis le début du mois de novembre, allouant près de 12 millions d'euros pour mettre en place un portail de filtrage du Web pour bloquer les sites coupables de “lèse-majesté”. “En voulant contrôler le contenu du Web, le gouvernement thaïlandais révèle ses difficultés pour regagner sa popularité. Le roi Bhumipol Adulyadej étant très populaire, la surprotection de son image est l'un des moyens utilisé par le gouvernement pour s'efforcer de reconquérir la sympathie de ceux qui appellent à son renversement”, a déclaré l'organisation. Le ministre des Technologies de l'information et de la Communication, Man Patanotai, a mis en place un dispositif de contrôle du Web pour repérer les sites qui “insultent” la monarchie et pour les bloquer automatiquement. Le budget alloué s'élèverait à 500 millions de bahts (12 millions d'euros), visant tout particulièrement le blocage immédiat des sites hébergés à l'étranger. La Thaïlande possède l'une des lois les plus sévères en matière de “lèse-majesté”, sanctionnée par des peines allant de trois à quinze ans de prison. Actuellement, l'auteur australien Harry Nicolaides est détenu depuis le 31 août 2008 à la prison spéciale de Bangkok. Il lui est reproché d'avoir critiqué l'attitude du fils du roi dans un court passage de son livre “Verisimilitude”, publié à cinquante exemplaires en 2005. Les utilisateurs d'Internet en Thaïlande représentent 2,3 % des internautes en Asie. Depuis le 18 juillet 2007, le gouvernement a adopté une loi qui autorise la police à saisir le matériel informatique des personnes suspectées de diffuser des messages à contenu insultant ou pornographique. Les fournisseurs d'accès à Internet doivent également conserver les informations individuelles des internautes pendant 90 jours, que les autorités peuvent consulter sans aucun contrôle de la justice. A la fin du mois d'août 2007, le blogueur Praya Pichaï a été maintenu deux semaines en détention en vertu de cette "Cyber Crime Law", poursuivi au titre de l'article 14 sur la "diffamation" et "l'atteinte à la sécurité nationale". Il avait tenu des propos jugés "critiques envers la monarchie" dans un article publié sur son blog (http://www.prachathai.com).
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Updated on 20.01.2016