Philippines : Maria Ressa menacée par des peines de réclusion prolongées

Reporters sans frontières (RSF) se joint aux autres membres de la coalition "Hold the Line" (HTL) pour condamner les accusations de cybercriminalité confirmées en appel, ce vendredi 8 juillet, contre Maria Ressa, prix Nobel 2021, et son ancien collègue de Rappler, Rey Santos Junior.

Dans leur décision, les juges ont décidé de prolonger de près de neuf mois la peine maximale qu’ils encourent, la portant ainsi à un total de six ans, huit mois et vingt jours. Cette aggravation des charges se fonde sur une application rétroactive de la loi sur le cyberharcèlement, que nombre d’experts des Nations unies et de spécialistes du droit constitutionnel aux Philippines qualifient unanimement de “fallacieuse”.

"Cette décision absolument scandaleuse envoie un signal alarmant sur l'orientation que prend la justice sous le mandat du nouveau président Ferdinand Marcos Junior, déclare le comité de pilotage de la coalition HTL. Nous exigeons l’abandon immédiat de toutes les charges qui visent Maria Ressa et Rey Santos Junior.

En l’occurrence, le chef d'inculpation provient d’une plainte déposée par l’homme d'affaires Wilfredo Keng, après que Rappler a révélé en 2012 qu’un ancien président de la Cour suprême des Philippines utilisait régulièrement l’une de ses voitures. Une seconde plainte pour cyberharcèlement avait été déposée par Wilfredo Keng, avant d’être retirée en 2021, ce dernier annonçant “consacrer son attention à la pandémie”.

Une dizaine de plaintes pour cybercriminalité

Depuis, les pressions juridiques n’en finissent pas. Plus d’une dizaine de nouvelles plaintes ont été intentées contre Maria Ressa et Rappler sur la même base juridique de “cybercriminalité”, illustrant le recours abusif à cette loi utilisée pour museler la presse indépendante et harceler les journalistes dans le pays.

La décision de la Cour d’appel des Philippines de maintenir les poursuites intervient une semaine après qu’un ordre de fermeture du site Internet de Rappler, a été décrété par la commission philippine des opérations en bourse (Securities and Exchange Commission, SEC).

Ces décisions successives ne constituent rien de plus qu’une escalade dans les pressions et le harcèlement judiciaire qui ciblent Maria Ressa et Rappler ; elles doivent cesser sans délai, ajoute le comité de pilotage de HTL. La liberté de la presse est en voie d'extinction aux Philippines et ces plaintes récurrentes pour cybercriminalité sont emblématiques du déclin démocratique qui touche le pays.”

Maria Ressa et la rédaction de Rappler restent menacées par sept affaires toujours en cours, intentées par les autorités philippines et pour lesquelles la lauréate du prix Nobel risque une peine cumulée d’une centaine d’années de réclusion criminelle.

La coalition HTL appelle les gouvernements, les organisations internationales et les acteurs de la société civile à amplifier le soutien apporté à Maria Ressa pour assurer sa liberté.

 

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Julie Posetti (ICFJ), Gypsy Guillén Kaiser (CPJ) et Rebecca Vincent (RSF), pour la coalition #HoldTheLine. Pour plus d’informations, contacter [email protected], [email protected], [email protected] 

NOTE : La coalition #HTL comprend plus de 80 organisations à travers le monde. Cette déclaration est publiée par le comité de pilotage de la coalition #HoldTheLine, mais ne reflète pas nécessairement la position de l’ensemble des membres ou organisations.

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