Six mois après son lancement, le journal d’opposition ADAM vient d’être suspendu pour trois mois. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un acharnement intolérable, représentif de l’état de la liberté de la presse au Kazakhstan. Les prétextes administratifs absurdes, un grand classique dans le pays.
Les autorités kazakhes ne toléreront pas que l’un des tout derniers titres d’opposition renaisse de ses cendres ! Le 27 août, la rédaction d’
ADAM s’est vue signifier par son imprimeur la fin de l’édition du journal. Celui-ci a prétexté des “raisons techniques” empêchant la sortie en kiosque du dernier numéro. En réalité, une équipe de l’administration régionale d’Almaty (capitale économique) s’était présentée au siège du journal le jour même pour lui remettre un ordre de suspension temporaire. Aux yeux des fonctionnaires, le titre se serait rendu coupable de ne pas avoir publié d’articles en langue kazakhe, en infraction avec ses statuts. Deux heures plus tard, un tribunal administratif d’Almaty a suspendu le journal pour une durée de trois mois. Il lui a également infligé une amende de 200 000 tenge (environ 750 euros).
“La suspension d’ADAM est discriminatoire et totalement disproportionée, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF.
Le recours à des prétextes administratifs absurdes, un grand classique au Kazakhstan, cache mal la volonté des autorités de faire taire définitivement un journal qui les dérange. Nous appelons les autorités à revenir sur cette décision injuste et à mettre un terme à cet acharnement qui dure depuis trop longtemps.”
ADAM est la dernière initiative en date de la célèbre journaliste d’opposition
Gouljan Ergalieva. Le titre a été fondé immédiatement après
la fermeture de l’hebdomadaire
ADAM bol, fin février 2015, et son premier numéro est paru le 13 mars. Dans un premier temps,
ADAM bol avait lui aussi été suspendu et condamné à une forte amende pour un prétexte futile. Tous les médias lancés par Gouljan Ergalieva ces dernières années ont été étouffés les uns après les autres.
Déjà difficile,
le climat est devenu suffocant pour la presse au Kazakhstan après la fermeture simultanée de tous les principaux médias d’opposition nationaux, en décembre 2012. Depuis lors, toute velléité de fonder de nouveaux médias indépendants se solde rapidement par leur fermeture. Les arrestations de journalistes et de blogueurs sont elles aussi devenues monnaie courante.
Le Kazakhstan figure à la 160e place sur 180 pays au
Classement mondial 2015 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.