Alors que le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a anéanti toute espèce de pluralisme, il mène, depuis 2014, une guerre impitoyable contre les dernières voix critiques.
Paysage médiatique
Dans ce pays où la quasi-totalité de l’espace médiatique se trouve sous le contrôle des autorités, les chaînes de la télévision publique sont les médias les plus populaires. Aucune télévision ni radio indépendante n’émet depuis le territoire, et tous les journaux imprimés et critiques ont été fermés. La plupart des sites d’information indépendants, comme Azadliq ou Meydan TV, cibles de la censure d’État, sont basés à l’étranger.
Contexte politique
Les autorités tentent de supprimer les médias encore indépendants et les journalistes qui rejettent l’autocensure et restreignent leur accès à l’information, les organismes officiels refusant de leur répondre. Jusqu’à l’offensive des forces azerbaïdjanaises et la capitulation des autorités autoproclamées de l’enclave du Haut-Karabakh en septembre 2023, les tensions avec l’Arménie étaient un prétexte supplémentaire à la censure. Les responsables des organes chargés de réguler le secteur des médias, de même que la Fédération des journalistes, sont nommés par le pouvoir politique, alors que les autorités utilisent des médias pro-gouvernementaux pour menacer les voix critiques de publier des informations personnelles compromettantes.
Cadre légal
La législation est devenue de plus en plus répressive envers les médias ces 20 dernières années. La loi “sur les médias” entrée en vigueur en février 2022 légalise la censure. Plusieurs lois régissant le secteur vont à l’encontre des engagements internationaux du pays sur la liberté de la presse et la liberté d’expression. Par ailleurs, toute critique du gouvernement par des utilisateurs de réseaux sociaux comme Facebook ou YouTube peut être sévèrement punie.
Contexte économique
Depuis 2014, la collaboration avec des donateurs internationaux est interdite. Puisque le gouvernement contrôle le secteur de la publicité, aucun média indépendant ne peut prospérer dans le pays. Les médias pro-gouvernementaux reçoivent, eux, des gratifications en espèces et des subventions officielles. Les autorités n’hésitent pas non plus à offrir des pots-de-vin aux journalistes qui travaillent avec elles, sous forme d’appartement ou d’autres avantages matériels.
Contexte socioculturel
Certains tabous, en particulier religieux, font obstacle au travail des journalistes. En dehors de la capitale, Bakou, la plupart des femmes travaillant pour un organe de presse subissent des entraves, alors que les médias sont régulièrement soumis aux pressions de cercles criminels pour les empêcher de publier des informations les concernant. Ceux-ci peuvent payer certains médias pour améliorer leur image. De plus, des individus très éloignés du journalisme, et parfois contrôlés par les autorités, utilisent des sites web présentés comme des médias pour se livrer à des activités de racket.
Sécurité
En cas de résistance aux pressions, aux tentatives de chantage ou de corruption, les journalistes sont jetés en prison sous des prétextes absurdes. Aucun fonctionnaire ou policier n’a été sanctionné depuis plus de 20 ans pour avoir frappé ou insulté un journaliste. En général surveillés par les forces de l’ordre, les reporters ne peuvent garantir de protection à leurs sources. Pour tenter de mettre au pas ceux qui ont quitté le pays, le régime de Bakou s’en prend aux membres de leur famille et à leurs amis restés sur place, voire les menace directement sur leur lieu d’exil.