Pakistan : RSF déploie un réseau de soutien pour plus de 170 journalistes afghans en exil
Avec son partenaire local au Pakistan, Freedom Network, Reporters sans frontières (RSF) soutient plus de 170 journalistes afghans exilés dans le pays, avec l’octroi de bourses financières, un accompagnement administratif et des ateliers de mise en réseau. À l’occasion d’un évènement qui se tient le 29 avril à Islamabad, RSF réitère son appel aux autorités pakistanaises et à la communauté internationale pour la protection des journalistes afghans réfugiés dans le pays.
Le projet “Plateforme de plaidoyer pour les journalistes afghans”, lancé en décembre 2023, a permis, à ce jour, de soutenir 173 professionnels des médias afghans réfugiés au Pakistan. Ces journalistes se trouvent confrontés à des difficultés multiples – administratives, financières et professionnelles – dans leur pays d’exil.
Afin d’y pallier, RSF soutient son partenaire local, Freedom Network dans la mise en œuvre d’un accompagnement administratif, financier et de plaidoyer pour ces journalistes en exil. Dans le cadre de ce projet, l’organisation de défense des médias basée à Islamabad organise une conférence nationale le 29 avril dans la capitale pakistanaise pour mobiliser les décideurs politiques et la communauté internationale sur le sort de ces journalistes, afin de trouver des solutions politiques à court et à long terme aux défis qu’ils rencontrent.
Cette initiative est soutenue par RSF et financée par le mécanisme ProtectDefenders de l’Union européenne.
“Avant de lancer le projet avec RSF en novembre 2023, j'ai vu le désespoir de nombreux journalistes afghans. Pour moi, il était important de leur redonner des perspectives. Et, alors que le programme touche à sa fin, je retrouve aujourd'hui de l’espoir chez eux. Le projet de RSF nous a permis de construire une base solide pour les soutenir, en particulier les femmes journalistes. Le réseau Freedom Network, partenaire de RSF au Pakistan, continuera à accompagner ces journalistes réfugiés d'Afghanistan.
Dans le cadre de ce projet, une assistance humanitaire a été déployée pour une soixantaine de journalistes – notamment pour les femmes reporters, particulièrement affectées dans cette situation d’exil. Quatre ateliers ont été organisés pour que les professionnels de l’information afghans puissent se familiariser avec leur environnement. Des syndicats de journalistes pakistanais et des clubs de la presse pakistanais ont également été mobilisés pour soutenir leurs confrères en exil.
Le projet de RSF avec Freedom Network, qui arrive à son terme fin avril, a aussi permis de plaider la cause de ces journalistes exilés auprès des institutions. Il a également été l’occasion de créer un réseau de solidarité, baptisé Pak-Afghan Journalists Solidarity Network (PAJSN) au début de l'année 2024, afin d'impliquer le gouvernement pakistanais, les missions diplomatiques à Islamabad et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Des représentants de ces journalistes ont pu rencontrer des membres du UNHCR et de la Commission nationale des droits de l'homme (NCHR), ainsi que des diplomates de pays membres de l'Union européenne.
"Il est d'autant plus nécessaire et urgent que les parties prenantes unissent leurs forces pour résoudre les nombreux problèmes auxquels sont confrontés les journalistes afghans au Pakistan. Nous leur demandons instamment d'entendre notre appel et d'y répondre. Les journalistes afghans exilés au Pakistan méritent de vivre dans des conditions dignes, et d'avoir la possibilité de s'installer et d'exercer leurs compétences professionnelles journalistiques ou d'être autorisés et soutenus dans leur départ vers un pays d'accueil.
Plus de 170 journalistes afghans sont toujours réfugiés au Pakistan, après avoir dû fuir leur pays, sous le contrôle des talibans depuis août 2021. La majorité d'entre eux attendent un visa pour un pays tiers, mais restent dans l’incertitude de son obtention. Ces journalistes rencontrent aussi de grandes difficultés pour renouveler leurs visas pakistanais et certains ont été victimes de harcèlement par la police. Souvent privés d’une situation légale leur permettant de mener un quotidien serein, ils vivent dans une angoisse permanente : ils sont privés d’accès aux soins de santé à l’hôpital public et à l'école publique pour leurs enfants. Leur carrière a été interrompue brutalement et leurs ressources financières s’épuisent.