Officiellement “libéré”, le photographe bangladais Shahidul Alam est resté emprisonné 107 jours

Le gouvernement bangladais a interjeté appel, hier lundi 19 novembre, d’une décision de justice accordant une libération sous caution au photoreporter Shahidul Alam. Reporters sans frontières (RSF) appelle la Cour suprême du pays à préserver l’Etat de droit en permettant sa remise en liberté effective.

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Actualisation

RSF accueille avec un profond soulagement la remise en liberté de Shahidul Alam, le mardi 20 novembre à 21 heures. L’organisation déplore que le journaliste a dû passer 107 jours derrière les barreaux et subi des tortures en détention dans le but de l’intimider. Le parquet doit désormais abandonner l’accusation qui le vise. 

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Libéré sur le papier, il croupit toujours en prison… C’est la situation ubuesque dans laquelle se trouve le célèbre photojournaliste bangladais Shahidul Alam : libéré sous caution à la suite d’une décision de la Haute Cour du pays en date du 15 novembre dernier, il est toujours derrière les barreaux après que le gouvernement a interjeté appel devant la Cour suprême, hier matin, pour faire annuler cette décision de justice. Après avoir déjà déposé quatre demandes de libération sous caution, le reporter entame aujourd’hui son 107ème jour de détention.


“Nous appelons les magistrats de la juridiction suprême à rejeter immédiatement cette demande d’appel pour permettre la libération effective de Shahidul Alam, déclare Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. En intervenant aussi grossièrement dans les affaires judiciaires, l’actuel gouvernement bangladais fait montre du profond mépris dans lequel il tient la liberté de la presse. Surtout, son acharnement contre le journaliste révèle sa volonté de faire taire toute voix critique à un mois des élections législatives. Les accusations absurdes qui le visent doivent être levées.”


Pour motiver sa décision de libérer le journaliste, la Haute Cour a notamment souligné que Shahidul Alam n’a jamais admis aucune des accusations portées contre lui ; et pour cause, les juges ont aussi noté que les propos qui lui sont attribués dans le rapport de police ne correspondent pas à ceux que l’on peut entendre sur la vidéo publiée sur Facebook, laquelle avait servi de prétexte au parquet pour arrêter le photoreporter.


Interpellé à son domicile par une trentaine d’hommes le soir du 5 août pour avoir commenté des protestations étudiantes, Shahidul Alam est poursuivi en vertu de la “célèbre” et calamiteuse section 57 de la Loi sur les technologies de l’information et de la communication (TIC). Il encourt 14 ans de prison.


Le Bangladesh se situe à la 146ème place sur 180 dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2018 établi par RSF.

Publié le
Updated on 22.11.2018