Occupy Wall Street : entraves à la presse et nouvelles arrestations en marge de l’évacuation d’un campement à New York
Organisation :
“Zuccotti Park n’est pas la place Tiananmen”, a cru bon de rappeler, le 15 novembre 2011, Scott Stringer, président démocrate de la municipalité (borough) de Manhattan, alors que l’un des principaux campements du mouvement Occupy Wall Street – établi dans le parc en question - était évacué sans ménagement par la police le jour même. Reporters sans frontières constate hélas que cet appel de l’élu n’a guère été respecté par les forces de l’ordre. De nouvelles arrestations de journalistes et autres blocages d’accès à la presse ont émaillé ce raid policier, aggravant le bilan déjà chargé des atteintes à la liberté d’informer depuis le début du mouvement.
Selon The Associated Press (AP), une dizaine de journalistes ont été arrêtés au cours de cette journée du 15 novembre, parmi lesquels deux employés de l’agence, la rédactrice Karen Matthews et le photographe Seth Wenig, détenus pendant quatre heures. Matthew Lysiak, du quotidien Daily News, a également été interpellé dans les environs de Zuccotti Park. Julie Walker, journaliste indépendante et collaboratrice d’AP, a connu le même sort alors qu’elle s’était d’emblée identifiée comme professionnelle des médias. Le délit de “conduite désordonnée” (“disorderly conduct”) a été retenu dans son cas. Doug Higginbotham, vidéaste indépendant employé par la chaîne TV New Zealand, a été menotté et son badge de presse confisqué alors qu’il tentait de couvrir le retour des protestataires évacués dans l’enceinte du parc.
“La couverture du mouvement Occupy Wall Street est un sujet d’intérêt public primordial qui ne doit souffrir aucune restriction. La liberté d’expression et d’information est garantie par le Premier amendement de la Constitution, pilier de la démocratie américaine bafoué par l’attitude des forces de l’ordre. Nous exigeons une nouvelle fois l’abandon de toutes les charges retenues contre des journalistes arrêtés, qu’ils soient professionnels des médias ou issus du mouvement Occupy Wall Street, à New York comme ailleurs”, a conclu Reporters sans frontières.
Photo : AFP
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09.11.11 - “Réunion illégale”, “conduite inappropriée” : inculpations absurdes de journalistes présents dans les mouvements Occupy Wall Street
Parfois arrêtés et presque aussitôt relâchés. Parfois détenus, libérés mais inculpés pour “réunion illégale”, “conduite inappropriée” ou “défaut d’accréditation”. Les journalistes présents dans les cortèges ou les assemblées du mouvement Occupy Wall Street font non seulement face à de fréquentes brutalités des forces de l’ordre, mais aussi à une sorte de loterie judiciaire à la suite de leur interpellation. La situation varie selon les États et les législations locales, mais n’en signifie pas moins une atteinte à la liberté d’informer. Elle vaut autant pour des professionnels des médias que pour des blogueurs ou des militants assurant leur propre couverture des événements. “Chaque récit, quel que soit le lieu, présente un point commun : dans tous les cas portés à notre connaissance l’intéressé a assuré s’être identifié comme journaliste auprès des forces de l’ordre. En vain. Cette attitude accrédite l’hypothèse qu’au-delà du mouvement lui-même, c’est l’information en soi sur Occupy Wall Street, qui est entravée. S’agit-il de nier à tout prix des nouvelles dont l’intérêt public est aussi évident ? Si tel est le cas, le Premier amendement de la Constitution est vidé de sa substance. L’autre question porte sur la nature des inculpations, parfois maintenues, parfois abandonnées et très variables dans leur définition pour une ‘infraction’ a priori identique. Au nom du droit d’informer et d’être informé, consacré par la Constitution, nous demandons aux juridictions concernées de lever toute charge contre des individus menant pacifiquement leur activité”, a déclaré Reporters sans frontières. Deux cas connus survenus le 2 novembre 2011 concernent la photographe du Milwaukee Journal Sentinel, Kristyna Wentz-Graff et la journaliste indépendante et dessinatrice Susie Cagle. La première a été arrêtée lors d’une manifestation devant les locaux de l’Université du Wisconsin à Milwaukee, avant d’être libérée sans inculpation. La seconde a subi le même sort à Oakland (Californie) et sa détention a duré près de quatorze heures dans deux prisons. Malgré sa remise en liberté, Susie Cagle reste inculpée de “réunion illégale” (“unlawful assembly”). Elle devra comparaitre au tribunal en décembre. Toujours à Oakland, au cours des manifestations de la semaine précédente, la police a fait usage de son arme en direction du vidéaste Scott Campbell, 30 ans, dans un moment de confrontation entre forces de l’ordre et protestataires. L’affaire, révélée par la presse locale le 7 novembre a causé l’embarras des autorités, y compris policières, lesquels ont admis un “usage de la force non provoqué et inapproprié”. Le 6 novembre, à Orlando (Floride), onze manifestants du collectif Occupy Orlando ont été arrêtés, dont deux membres de l’équipe média, privant le mouvement de toute diffusion d’images. A Nashville (Tennessee), le 30 octobre, John Meador, du Nashville Scene Reporter a été arrêté, après avoir présenté son badge de presse à deux reprises, lors d’une manifestation devant le capitole de l’État. Le journaliste est désormais poursuivi pour “franchissement illicite” (“criminal trespass”) et “nuisance publique” (“public intoxication”). Les premiers journalistes arrêtés lors des grandes manifestations inaugurales de New York connaissent, eux aussi, des sorts judiciaires variables. Détenu pendant huit heures le 24 septembre pour un défaut d’accréditation, John Farley, du magazine MetroFocus, a été relaxé, le 2 novembre, de l’accusation de “conduite désordonnée” (“disorderly conduct”). Tel n’est pas le cas de Natasha Lennard, collaboratrice indépendante du New York Times, et de Kristen Gwynne, du site AlterNet, arrêtées le 1er octobre.
Parfois arrêtés et presque aussitôt relâchés. Parfois détenus, libérés mais inculpés pour “réunion illégale”, “conduite inappropriée” ou “défaut d’accréditation”. Les journalistes présents dans les cortèges ou les assemblées du mouvement Occupy Wall Street font non seulement face à de fréquentes brutalités des forces de l’ordre, mais aussi à une sorte de loterie judiciaire à la suite de leur interpellation. La situation varie selon les États et les législations locales, mais n’en signifie pas moins une atteinte à la liberté d’informer. Elle vaut autant pour des professionnels des médias que pour des blogueurs ou des militants assurant leur propre couverture des événements. “Chaque récit, quel que soit le lieu, présente un point commun : dans tous les cas portés à notre connaissance l’intéressé a assuré s’être identifié comme journaliste auprès des forces de l’ordre. En vain. Cette attitude accrédite l’hypothèse qu’au-delà du mouvement lui-même, c’est l’information en soi sur Occupy Wall Street, qui est entravée. S’agit-il de nier à tout prix des nouvelles dont l’intérêt public est aussi évident ? Si tel est le cas, le Premier amendement de la Constitution est vidé de sa substance. L’autre question porte sur la nature des inculpations, parfois maintenues, parfois abandonnées et très variables dans leur définition pour une ‘infraction’ a priori identique. Au nom du droit d’informer et d’être informé, consacré par la Constitution, nous demandons aux juridictions concernées de lever toute charge contre des individus menant pacifiquement leur activité”, a déclaré Reporters sans frontières. Deux cas connus survenus le 2 novembre 2011 concernent la photographe du Milwaukee Journal Sentinel, Kristyna Wentz-Graff et la journaliste indépendante et dessinatrice Susie Cagle. La première a été arrêtée lors d’une manifestation devant les locaux de l’Université du Wisconsin à Milwaukee, avant d’être libérée sans inculpation. La seconde a subi le même sort à Oakland (Californie) et sa détention a duré près de quatorze heures dans deux prisons. Malgré sa remise en liberté, Susie Cagle reste inculpée de “réunion illégale” (“unlawful assembly”). Elle devra comparaitre au tribunal en décembre. Toujours à Oakland, au cours des manifestations de la semaine précédente, la police a fait usage de son arme en direction du vidéaste Scott Campbell, 30 ans, dans un moment de confrontation entre forces de l’ordre et protestataires. L’affaire, révélée par la presse locale le 7 novembre a causé l’embarras des autorités, y compris policières, lesquels ont admis un “usage de la force non provoqué et inapproprié”. Le 6 novembre, à Orlando (Floride), onze manifestants du collectif Occupy Orlando ont été arrêtés, dont deux membres de l’équipe média, privant le mouvement de toute diffusion d’images. A Nashville (Tennessee), le 30 octobre, John Meador, du Nashville Scene Reporter a été arrêté, après avoir présenté son badge de presse à deux reprises, lors d’une manifestation devant le capitole de l’État. Le journaliste est désormais poursuivi pour “franchissement illicite” (“criminal trespass”) et “nuisance publique” (“public intoxication”). Les premiers journalistes arrêtés lors des grandes manifestations inaugurales de New York connaissent, eux aussi, des sorts judiciaires variables. Détenu pendant huit heures le 24 septembre pour un défaut d’accréditation, John Farley, du magazine MetroFocus, a été relaxé, le 2 novembre, de l’accusation de “conduite désordonnée” (“disorderly conduct”). Tel n’est pas le cas de Natasha Lennard, collaboratrice indépendante du New York Times, et de Kristen Gwynne, du site AlterNet, arrêtées le 1er octobre.
Publié le
Updated on
20.01.2016