Novosti, le journal que les nationalistes croates voudraient voir tomber
L’hebdomadaire Novosti – le journal de la minorité serbe en Croatie - est la cible depuis plusieurs mois, d’attaques judiciaires et verbales orchestrées par des groupes nationalistes croates. RSF condamne cet acharnement et s’inquiète pour la diversité des médias dans le pays.
Reconnu pour son professionnalisme, le journal de gauche Novosti participe au pluralisme médiatique de la région, mais il s’attire les foudres de groupes nationalistes croates. Dernière attaque en date: un mouvement d’anciens combattants de Split, s’en est pris à trois journalistes pour une série d’articles publiés dans l’hebdomadaire depuis 2016. Boris Dezulovic, Victor Ivancic et Milorad Krstulovic font l’objet d’une plainte à titre individuel, pour incitation à la haine. Ils sont accusés de faire “la promotion de l’intolérance envers le peuple croate et l’Etat croate".
Ce groupe de vétérans nationalistes a aussi appelé les pouvoirs publics à couper les fonds du média, et donc à sa fermeture. Edité par le Conseil de la minorité serbe - qui représente 4% environ de la population - Novosti survit aujourd’hui sans publicité grâce à des subventions.
En février dernier, une autre association proche des milieux ultra-conservateurs et nationalistes « au Nom de la Famille » avait proféré à l’encontre de sa rédaction des accusations d’incitation à la haine. Lors d’une conférence de presse devant le Parlement, l’association avait aussi appelé le Conseil pour les minorités nationales à interrompre les publications du journal et tout financement public afin de provoquer son asphyxie financière. Au Nom de la Famille a également lancé une pétition publique contre le journal. Plusieurs associations avaient alors apporté leur soutien à l’hebdomadaire en dénonçant la stigmatisation de la rédaction Novosti, qualifiée « d’ennemi de l’Etat » par plusieurs groupes nationalistes.
« Les publications de ces journalistes ne constituent pas des menaces pour la nation croate comme voudraient le faire croire ces organisations, bien au contraire ce sont les campagnes visant à les faire taire qui mettent en danger la démocratie dans le pays,” déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de Reporters sans frontières. Une telle campagne d’intimidation et de stigmatisation nuit gravement à la liberté d’informer et au pluralisme de la presse dans le pays”.
Depuis l’arrivée au pouvoir des coalitions menées par le parti de droite conservatrice l’Union démocratique croate (HDZ), les associations de journalistes locales se disent préoccupées par l’état de la liberté de la presse dans le pays et appellent à mettre fin aux tentatives d’étouffement des médias indépendants.
Ces attaques contre Novosti se produisent alors que la Croatie, qui occupe la 63e place sur 180 du dernier Classement RSF de la liberté de la presse, a enregistré en 2016 une hausse des violences à l’encontre des personnes issues de la minorité serbe.