Nouvelle interdiction de YouTube dans le pays : Reporters sans frontières proteste contre une censure à répétition

Reporters sans frontières condamne l'obstination des autorités turques à rendre le site de partage de vidéos en ligne YouTube, appartenant à Google, inaccessible à la population. Le 20 novembre 2008, les autorités du Conseil de la Télécommunication ont en effet validé la quatrième procédure judiciaire demandant la fermeture du site, ordonnée par le tribunal de police de la sous-préfecture de Cubuk (Ankara), le 30 octobre. Les autorités reprochent au site la publication de contenus “portant atteinte” à la mémoire d'Atatürk, le fondateur de la République turque en 1923, ainsi que la diffusion d'images soutenant le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit dans le pays. “Nous le répétons : le blocage de YouTube est abusif. L'obstination dont font preuve les autorités est inadmissible, d'autant que le site est déjà inaccessible depuis le 5 mai dernier, également suite à une décision de justice. Censurer cette plateforme d'échange en ligne signifie porter atteinte à la liberté d'information des citoyens turcs”, a déclaré l'organisation. Pour le juge Ali Yusuf Basaran, du tribunal de police de Cubuk, la mesure a été adoptée en vertu de l'article 8 (1) de la loi 5651 relative aux délits commis sur Internet, ainsi qu'en vertu de l'article 162 de la loi sur les procédures pénales. “La loi 5651 est la source principale de la détérioration de la liberté d'expression sur Internet en Turquie, qui occupe aujourd'hui le 102e rang du classement mondial 2008 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Selon cette loi, les fournisseurs d'accès doivent eux-mêmes bloquer l'accès aux sites qui vont à l'encontre de la loi, ce qui les rend complices de la censure. L'organisation a plusieurs fois demandé sa révision. Appliquée depuis novembre 2007, la loi 5651 donne la possibilité à un procureur d'interdire l'accès à un site dans un délai de 24 heures, pour peu que son contenu soit jugé “susceptible d'inciter au suicide, à la pédophilie, à l'usage de stupéfiant, à l'obscénité, à la prostitution” ou de “contredire la loi d'Atatürk”. Le 5 mai, la première chambre du tribunal d'Ankara avait estimé que certaines vidéos portant atteinte à la mémoire d'Atatürk figuraient sur le site. Par ailleurs, le site du dictionnaire populaire Nacizane Bilgi (http://www.nacizanebilgi.com) est inaccessible dans le pays en raison d'une plainte pour “atteinte à la personne”, déposée par le leader religieux Adnan Oktar, déjà responsable de la fermeture d'au moins 61 sites, sous prétexte que les auteurs du site ont autorisé les internautes à y publier des qualificatifs “insultants” dans les articles lui correspondant.
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Updated on 20.01.2016