Multiplication des convocations de correspondants de la presse étrangère

 Reporters sans frontières s'inquiète de la multiplication des convocations des correspondants de la presse étrangère. "Le pouvoir utilise les convocations et les poursuites judiciaires pour intimider les journalistes", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. Reporters sans frontière demande au ministre de l'Information, Abdul Rahman al-Akwa, et au ministre de la Justice, Ismail Ahmad al-Wazir, de cesser ces mesures qui n'ont pour but que de réduire encore davantage la marge de liberté des journalistes. Les 9 et 11 juillet, Fayçal Moukarram, du quotidien saoudien Al-Hayat, Ahmed Al-Haj, de l'agence de presse américaine Associated Press et Khaled Al-Mahdi, de l'agence de presse allemande DPA, ont été interrogés par un parquet de Sanaa spécialisé dans les délits de presse. Ils ont été accusés d'avoir "publié des informations militaires sans preuves et sans se référer à des sources officielles, conformément au code de la presse". Fayçal Moukarram a refusé de répondre aux questions de Fadhl Moubarak Al-Salmi, président du parquet, sans la présence d'un avocat et du doyen des journalistes yéménites. Ces convocations judiciaires interviennent suite à la publication, par ces journalistes, d'articles sur le bombardement par l'armée yéménite, les 5 et 6 juillet, de zones tribales situées dans le nord du pays en riposte à des tirs qui avaient blessé le chef d'état-major adjoint, Ali Mohammed Saleh. Par ailleurs, le 7 juillet, Mohammed Al-Qadhi, du quotidien saoudien Al-Riyadh, Mohammed Al-Ghobari, du quotidien émirati Al-Bayan, Saeed Thabet, d'Al-Qods Press, Ibrahim Al-Ashmawi, du quotidien égyptien Al-Ahram, Arafat Madabish, d'Al-Akhbar Al-Arab, et enfin Al-Jabali Ahmed, d'Al-Ittihad, ont été convoqués par le ministère de l'Information. Les journalistes ont été avertis par le ministère qu'ils ne devaient plus traiter les questions militaires, sous peine de se voir confisquer leurs accréditations. Les six correspondants convoqués ont déclaré à l'hebdomadaire Yemen Times avoir été effrayés par la mise en garde du ministère de l'Information. Selon eux, l'objectif de ces convocations est "d'étrangler la presse et de rendre très difficile tout travail objectif et libre". Reporters sans frontières rappelle que le 30 avril dernier, le ministre de l'Intérieur avait mis en garde les journalistes pour propagation d'informations mensongères de nature à porter préjudice à l'image du pays et à ses intérêts. Il avait alors déclaré que "le ministère de l'Intérieur est le seul habilité à faire des déclarations ayant trait à la sécurité du pays" et il avait menacé tout réfractaire de poursuites judiciaires.
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Updated on 20.01.2016