Monsieur Sarkozy : n'oubliez pas de parler des journalistes et internautes emprisonnés à votre homologue chinois

Reporters sans frontières a manifesté devant le ministère français de l'Intérieur lors de la visite du ministre chinois de la Sécurité publique, Zhou Yongkang. L'organisation a appelé Nicolas Sarkozy à demander la libération des 82 journalistes et cyberdissidents actuellement emprisonnés en Chine.

Alors que Nicolas Sarkozy et son homologue chinois, Zhou Yongkang, se rencontraient, le 18 juillet, Reporters sans frontières a manifesté devant le ministère de l'Intérieur à Paris pour demander la libération des 82 journalistes et internautes actuellement emprisonnés. L'organisation a lancé un appel à Nicolas Sarkozy : « Reporters sans frontières vous demande de bien vouloir intervenir, lors de votre entretien, et des prochains, avec Zhou Yongkang, en faveur notamment de Ching Cheong, Zhao Yan et Shi Tao, trois journalistes détenus sur la base de fausses accusations d'espionnage et de divulgation de secrets d'Etat. Nous avons bien noté que dans votre dernier livre, « Témoignage », vous vous engagiez à interroger les Chinois sur le sort des prisonniers politiques. Monsieur Sarkozy, qu'avez-vous demandé à Zhou Yongkang ?». « Parler de lutte contre le crime organisé et le terrorisme est une chose, mais ne pas aborder la question des droits de l'homme et des libertés publiques ne serait pas compréhensible. Le ministre que vous recevez, Monsieur Sarkozy, supervise directement la répression contre les voix dissidentes en Chine. Nous sommes conscients qu'il s'agit pour vous d'un interlocuteur important, mais pour des dizaines de milliers de Chinois, il est le responsable direct de la torture, de l'emprisonnement abusif de dissidents et des violations graves des droits de l'homme », a écrit l'organisation dans son appel à Nicolas Sarkozy. Le journaliste hongkongais Ching Cheong est accusé d'espionnage après avoir été arrêté en avril 2005 à Canton. Le ministère chinois des Affaires étrangères a annoncé, le 31 mai 2005, que le correspondant du quotidien singapourien Straits Times avait avoué être un espion à la solde d'agences étrangères. La direction du Straits Times s'est dite choquée de ces accusations. De son côté, l'épouse du journaliste, Mary Lau, a expliqué qu'il serait tombé dans un piège tendu par un intermédiaire alors qu'il tentait de récupérer des enregistrements d'interviews secrètes de l'ancien Premier ministre réformateur Zhao Ziyang. Le 16 juin 2006, le procès pour « divulgation de secrets d'Etat » de Zhao Yan, collaborateur chinois du New York Times, s'est tenu à huis clos devant la Cour populaire N° 2 de Pékin. Aucun témoin n'a été autorisé à comparaître. Ce crime est passible de la peine de mort. Zhao Yan était également jugé pour "fraude". La soeur du journaliste, Zhao Kun, avait demandé à assister au procès, mais sa requête a été refusée par les autorités judiciaires. Zhao Yan, lauréat du Prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2005, a été emprisonné le 17 septembre 2004. Il est notamment accusé d'avoir révélé à la rédaction du New York Times la retraite politique de Jiang Zemin avant son annonce officielle. Le journaliste Shi Tao, détenu depuis le 24 novembre 2004, a été condamné, le 30 avril 2005, à dix ans de prison pour "divulgation illégale de secrets d'Etat à l'étranger". Il a été reconnu coupable d'avoir diffusé, sur des sites Internet basés à l'étranger, une note interne transmise à son journal, le Dangdai Shang Bao (Les Nouvelles du commerce moderne) par les autorités. Ce document mettait en garde les journalistes contre les dangers d'une déstabilisation sociale à l'occasion du quinzième anniversaire du massacre de la place Tiananmen. Il est actuellement détenu à la prison n°1 de la province du Hunan (Centre-Sud), sur une petite île près de la ville de Yuanjiang. Le journaliste partage sa cellule avec plus d'une dizaine de prisonniers et travaille à la confection de bijoux dans des conditions sanitaires précaires.
Publié le
Updated on 20.01.2016