Menaces de mort et de représailles contre deux quotidiens bengali
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Reporters sans frontières condamne les menaces visant les quotidiens en bengali Prothom Alo et Dainik Shamokal, respectivement le 23 et 25 avril 2012, à Dhaka. Matiur Rahman, rédacteur en chef de Prothom Alo a été directement mis en cause pour les publications du quotidien, jugées "blasphématoires", par le chef d'un groupe islamiste. Golam Sarwar, rédacteur en chef de Dainik Shamokal, a été menacé de mort s'il continuait de couvrir la disparition récente d'un membre du parti d'opposition.
"Nous appelons les autorités et la justice à garantir la sécurité et l'indépendance des médias et de leurs journalistes. Une enquête doit être ouverte pour identifier l'auteur des menaces de mort contre Golam Sarwar. La Justice ne doit pas tolérer l'usage du blasphème à des fins politiques," a déclaré Reporters sans frontières.
"La loi sur le blasphème actuellement en vigueur est contraire au développement d'une entière liberté d'information et d'expression. Tant que les délits de presse seront criminalisés, journalistes et médias resteront vulnérables aux attaques en justice qui leur sont intentées et seront contraints, parfois sous la menace, à l'autocensure", a ajouté l'organisation.
Le 25 avril dernier, le chef de l'Islami Ain Bastobayon Commitee Mufti (Comité d'application de la Constitution islamique) Fazlul Huq Amini, a accusé Prothom Alo, de promouvoir des opinions anti-islamiques, se rendant coupable de "complot contre les musulmans". L'organisation a déclaré que Matiur Rahman était engagé dans une conspiration contre l'islam et la souveraineté du pays, et a menacé d'intenter une action en justice contre le quotidien.
Le groupe a également menacé le quotidien de fermeture nationale et d'interdiction à cause de sa politique éditoriale anti-islamique. Prothom Alo est régulièrement accusé de blasphème et plusieurs poursuites judiciaires ont déjà été lancées contre son rédacteur en chef.
Par ailleurs, le 23 avril, Golam Sarwar a fait l'objet de menaces de mort, lors d'un appel téléphonique anonyme, dans les bureaux du quotidien. Les menaces font référence aux articles du Dainik Shamokal sur la disparition d'un leader du Bangladesh Nationalists Party, Ilias Ali, supposément kidnappé le 17 avril dernier.
Les auteurs des menaces ont également demandé au journal de s'abstenir de publier des articles sur la négociation d'accords entre le gouvernement et l'opposition pour retrouver Ilia Ali.
Craignant pour sa vie, le journaliste a déposé une plainte auprès de la police. Le journal a également informé le ministre de l'Intérieur, l'inspecteur général de la police, le commissaire de la police métropolitaine de Dhaka et d'autres représentants des forces de l'ordre, des menaces reçues par le journaliste et la rédaction.
Publié le
Updated on
20.01.2016