Menaces de mort contre l’auteur d’un livre sur le meurtre de Hrant Dink
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Reporters sans frontières s’alarme des menaces de mort reçues par le journaliste Adem Yavuz Arslan, liées à la publication de son livre sur les circonstances du meurtre du journaliste Hrant Dink. Depuis la parution de “Il y a cet Arménien : les secrets de l’opération Dink”, le 17 janvier 2011, il a été menacé par téléphone à plusieurs reprises. Le 26 janvier, il a reçu à son bureau une enveloppe contenant quatre balles de kalachnikov et un béret blanc faisant référence à celui porté par Ogün Samast, l’assassin présumé de Hrant Dink.
Chroniqueur et directeur du quotidien Bugün à Ankara, Adem Yavuz Arslan a déclaré sur la radio officielle TRT : “Je n’ai peur de personne. Si mon dernier jour est arrivé, et bien, c’est le destin. Mais si on me menace, c’est que je suis sur la bonne piste.” Il ajoute cependant : “avec ce colis, les menaces ont pris de l’ampleur, c’est pourquoi nous avons demandé la protection des forces de sécurité.”
“Il est particulièrement alarmant de voir que tous les auteurs qui ont tenté d’apporter des éléments sur le meurtre de Hrant Dink ont été inquiétés d’une manière ou d’une autre. Entre les poursuites engagées contre Nedim Sener* ou Kemal Göktas**, et les menaces à l’encontre d’Adem Yavuz Arslan, il semble que les commanditaires de cet assassinat et leurs soutiens tentent de décourager toute tentative d’élucidation. Cela signifie aussi qu’Adem Yavuz Arslan, Nedim Sener et Kemal Göktas ont probablement révélé des pistes menant aux véritables responsables. Il est temps que la justice turque tienne compte de ces éléments pour retrouver et juger les coupables de ce meurtre. Les autorités doivent assurer la protection de ces journalistes qui ont eu le courage de mener un réel travail d’enquête. La lumière doit être faite sur l’assassinat de Hrant Dink, même s’il implique les plus hauts degrés de l’appareil d’Etat turc. Quatre ans après sa mort, l’opinion internationale et la société civile turque exigent toujours que justice lui soit rendue”, a déclaré Reporters sans frontières.
Dans son livre, Adem Yavuz Arslan s’interroge sur le rôle de Satilmis Sahin, sous-officier de la gendarmerie de Trabzon, où l’exécution de Hrant Dink aurait été planifiée. La veille de l’assassinat, Satilmis Sahin avait été envoyé dans le quartier de Bayrampasa à Istanbul (où logeait alors Ogün Samast) officiellement pour assister un transfert de détenu. Le 19 janvier 2007, il se trouvait dans le quartier de Sisli, à 500 mètres du lieu du crime, au moment où il a été commis. De plus, Ogün Samast, le tireur présumé, se serait procuré une arme auprès d’Ahmet Faruk Aydogdu, sous-officier et ami de Satilmis Sahin. Enfin, Satilmis Sahin, qui connaît la plupart des accusés, est également un proche du colocataire d’Erhan Tuncel, commanditaire présumé du meurtre. Pour Adem Yavuz Arslan, ces faits ne peuvent constituer des coïncidences et semblent confirmer l’implication des officiers de Trabzon dans ce crime.
L'Association des journalistes de Turquie (TGC) a dénoncé les menaces perpétrées contre Adem Yavuz Arslan et a demandé aux autorités “d’en identifier la source et de prendre toute les mesures afin de garantir le droit des citoyens à être informés”.
Par ailleurs, le 26 janvier 2011, le président Abdullah Gül a annoncé qu’il allait peut-être activer le contrôle du Conseil d’Etat, organe suprême juridictionnel qu’il préside, pour analyser le dossier Hrant Dink. “Je ne permettrai pas qu’il y ait des dysfonctionnements dans le cadre du procès. S’il est du pouvoir du Conseil d’agir, je n’hésiterai pas. Il a été tué devant tout le monde. S’il y a (…) des dysfonctionnements, c’est honteux”, a-t-il déclaré.
Plus de 10 000 personnes se sont mobilisées dans le cadre des manifestations organisées à Istanbul, le 19 janvier 2011, pour protester contre l’impunité qui règne depuis quatre ans dans l’affaire de l’assassinat de Hrant Dink. Cette année, les médias turcs et les manifestants ont mis plus clairement en cause la responsabilité de l’Etat. Le 19 janvier, les journaux ont repris ces accusations et dénoncé la lenteur du processus judiciaire. Le quotidien Taraf citait à sa Une Rakel Dink, la veuve du journaliste : “L’Etat l’a fait tuer et, maintenant, il les protège”. Radikal titrait : “Il est toujours par terre”.
La prochaine audience aura lieu le 7 février 2011.
* "L’assassinat de Dink et les mensonges du service des renseignements" et “Vendredi Rouge : Qui a cassé la plume de Dink ?”
** “Assassinat de Hrant Dink : Médias, Justice et Etat”
** “Assassinat de Hrant Dink : Médias, Justice et Etat”
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Updated on
20.01.2016