Mehman Huseynov libéré mais plus menacé que jamais

Le 13 juin 2012, en fin de journée, Mehman Huseynov a été remis en liberté provisoire par le tribunal du district de Sabayil (Bakou). Le journaliste a été placé sous contrôle judiciaire et reste poursuivi. Les charges retenues contre lui sont même plus sévères que celles initialement mentionnées : mis en examen pour « hooliganisme et résistance à un représentant des autorités (…) » (article 221.2.2 du code pénal), il risque désormais jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

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13.06.2012 - Nouvelle arrestation d’un journaliste critique

Reporters sans frontières dénonce l’arrestation du photojournaliste Mehman Huseynov, connu pour sa couverture des violences policières et son activisme en faveur de la liberté de l’information. Le jeune membre de l’Institute for Reporters’ Freedom and Safety (IRFS) est également actif sur les réseaux sociaux. Son compte Youtube est très suivi.

« L’arrestation de Mehman Huseynov porte tous les signes d’une vengeance politique et d’une volonté d’intimidation, a déclaré Reporters sans frontières. Il doit immédiatement être remis en liberté. Les accusations portées contre lui, alors même que la police l’a empêché de faire son travail, sont d’un cynisme insupportable. L’Eurovision passé, les autorités commencent à faire payer à la société civile azerbaïdjanaise le prix de sa mobilisation. Le soutien de la communauté internationale lui est plus que jamais nécessaire. »

Mehman Huseynov a été conduit au commissariat du district de Sabayil, à Bakou (capitale), le 12 juin 2012 vers 18 heures. Après un interrogatoire de trois heures, il a été placé en garde à vue. Un juge doit désormais se prononcer dans les 48 heures sur l’inculpation du journaliste et son maintien éventuel en détention provisoire. Si les charges de « hooliganisme » (article 221.1 du code pénal) sont retenues, Mehman Huseynov risque jusqu’à un an de prison.

Le photojournaliste est accusé d’avoir « insulté et recouru à la force » contre un membre des forces spéciales qui l’empêchait de filmer une manifestation de l’opposition, le 21 mai 2012, sur la Place des fontaines à Bakou. Journalistes et manifestants avaient été brutalement dispersés, de nombreux activistes avaient été interpellés. Mehman Huseynov avait été malmené et sa caméra avait été cassée, ce qui avait déclenché une altercation avec un policier.

Le travail de Mehman Huseynov sur la couverture des manifestations fait référence. Il a été particulièrement mis en lumière pendant l’Eurovision, lorsque la presse internationale s’est faite l’écho des violations des droits de l’homme massivement commises dans le pays. Le photojournaliste est par ailleurs le frère du directeur de l’IRFS, Emin Huseynov.

Depuis la fin de l’Eurovision, les autorités ont clairement fait comprendre que l’heure était à la reprise en main. Ces derniers jours, outre les cas de Mehman Huseynov et d’Anar Bayramli, des militants d’opposition et un défenseur des droits de l’homme ont également été arrêtés. Le Parlement vient d’adopter aujourd’hui un amendement restreignant drastiquement l’accès à l’information publique. Le 31 mai 2012, le principal conseiller du président Ilham Aliev, Ali Hasanov, en a appelé à « la haine publique » contre les médias critiques et a affirmé que « ce genre de membres de l’opposition, de journalistes et de journaux ne devraient pas oser mettre un pied dehors ! »

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Updated on 02.02.2018