Media Ownership Monitoring (MOM) : Qui sont les propriétaires de médias au Ghana ?

L’industrie des médias au Ghana est dominée par un manque de transparence et un accès limité à l’information sur les propriétaires des médias, majoritairement masculins et liés au pouvoir. Les conflits d’intérêt, entre les propriétaires des médias et le monde de la politique, combinés avec un système de régulation déficient, y constituent une réelle menace pour la liberté d’information.

Les principales conclusions du Media Ownership Monitor (MOM), un projet de recherche et de plaidoyer mené au Ghana par la Media Foundation for West Africa (MFWA) et Reporters sans frontières (RSF), au cours des trois derniers mois, ont été présentées à Accra le 25 juillet.



Les résultats de cette recherche, disponibles en ligne en anglais permettent de mieux comprendre le paysage médiatique au Ghana, et de vérifier l’identité de ceux qui contrôlent les médias ghanéens - ce qui “fournit une transparence sans précédent sur le marché des médias dans le pays, selon Sulemana Braimah, directrice du MFWA. Il s’agit d’un prérequis essentiel à la responsabilisation de nos institutions, ce qui va permettre de développer des garanties juridiques afin d’assurer le pluralisme sur le long-terme au Ghana”.



Un plafond de verre pour les femmes


Les femmes sont sous-représentées dans le paysage médiatique ghanéen, majoritairement dominé par des propriétaires masculins. Elles n’atteignent que très rarement des positions de pouvoir : parmis les 21 PDG identifiés par le MOM, seuls trois sont des femmes (Edith Dankwah pour Business and Financial Times Ltd., Carol Anang pour l’entreprise publique New Times Corporation, et Gina Blay à la tête de Western Publications). Un tel ratio se retrouve également, dans les entreprises de média, au sein des conseils d’administration.



Une audience concentrée et une forte influence politique


“Le MOM au Ghana montre qu’un nombre important de télévisions, radios et journaux ne signifie pas forcément un paysage médiatique pluraliste. déclare Lisa-Maria Kretschmer, Cheffe de projet à RSF Allemagne.


La majorité des Ghanéens s’informe grâce à un nombre très restreint de médias, surtout dans le secteur de la presse écrite et de la télévision. Ainsi, malgré la présence sur le territoire de très nombreux journaux, le secteur de la presse écrite est dominé par quatre compagnies de presse, qui concentrent 95,9% des lecteurs au Ghana. Or “quand la majorité de l’audience se tourne vers une poignée de médias pour s’informer, cette poignée de médias obtient un pouvoir considérable d’influence sur l’opinion publique” ajoute-t-elle.


D’autant plus qu’un tiers des médias ghanéens sont soit détenus par l’Etat, soit par des actionnaires ayant des affiliations politiques, ce qui illustre une dangereuse influence de la politique sur le secteur de l’information. Les ¾ des lecteurs au Ghana se tournent ainsi pour s’informer ou se distraire vers des journaux publics.



Un manque de transparence et un système de régulation déficient


Outre ce manque de pluralisme, le Ghana souffre d’une trop faible transparence dans la propriété des médias. Ainsi pour un tiers des médias étudiés par MOM, les informations sur les propriétaires n’étaient pas disponibles à la Direction Générale de l’enregistrement. Pour les autres, les informations étaient soient incomplètes, soient obsolètes - avec parfois des changements de propriétaires et des rachats non référencés.


Derrière ce manque de transparence se cachent de complexes jeux de marché - ce qui complique, voire même empêche, une régulation efficace de la concentration des médias. Il n’existe ainsi aucun garde-fou aujourd’hui au Ghana permettant d’empêcher ou de diminuer la concentration des médias, ou encore d’inhiber le contrôle du monde politique sur ces médias. Certes, un contrôle de la transparence existe, à travers une loi amendée l’année dernière, mais il est encore trop partiel.


“Le MOM montre bien que l’adoption d’une loi sur la radiodiffusion est plus que nécessaire, afin de fournir des garanties, aussi bien contre la concentration que contre l’influence politique sur les médias. Ce projet ouvre la voie d’un débat informé et constructif sur ce sujet à l’avenir”, conclut Sulemana Braimah.



Un projet international de recherche


Le MOM est un projet international lancé par Reporters sans frontières, pour promouvoir la liberté de la transparence et le pluralisme des médias à une échelle internationale. Il a été publié dans huit pays, dont la Turquie, la Tunisie, la Colombie et le Cambodge. En plus du Ghana cette année, le MOM a également lancé des travaux en Serbie, au Pakistan, au Brésil et au Maroc.



Contacts Presse :


Media Foundation for West Africa (MFWA)

P.O. Box LG 730, Legon, Ghana. Tel: 233 302242470. Tel/Fax: 233 302221084

Email: [email protected], Website: www.mfwa.org


Reporters Without Borders Germany / MOM Ghana project manager

Email: Lisa-Maria Kretschmer

[email protected]

Tel.: +233-050-3240759

Publié le
Mise à jour le 25.07.2017