Madagascar : RSF dénonce la détention abusive du journaliste Fernand Cello et demande sa libération immédiate

Le journaliste d’investigation du quotidien Basy Vava, Fernand Cello, est détenu à la prison d’Antanimora, privé de tout contact avec ses proches ou même d’un avocat. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une détention abusive et appelle à sa libération immédiate.

Le journaliste d’investigation du quotidien Basy VavaFernand Cello, a été arrêté à son domicile dans la soirée du 30 janvier 2025 alors qu’il rendait visite à sa famille. “Les gendarmes ont d’abord emmené Fernand violemment, avant de revenir trente minutes plus tard pour me demander où était son téléphone. Ils m’ont aussi arrêtée. Je suis sortie de garde à vue à 13 heures le lendemain”, détaille son épouse.

Désormais placé sous mandat de dépôt et détenu à la prison surpeuplée d’Antanimora, dans la capitale Antananarivo, le journaliste attend une date de procès jusqu’alors inconnue. “En principe, la détention provisoire après un mandat d’arrêt est de huit mois. Mais il arrive qu'on la prolonge. C’est au bon vouloir du juge”, explique un journaliste malgache à RSF.  Fernand Cello est privé de tout contact avec l’extérieur et les motifs officiels de sa détention restent inconnus.

“La détention du journaliste Fernand Cello ressemble en tout point à un abus de pouvoir visant à le réduire au silence. Motif inconnu, interdiction de toute visite… RSF condamne fermement cette détention au secret qui dure depuis déjà une semaine et demande la libération immédiate de ce journaliste, qui subit des pressions et un acharnement judiciaire de la part des autorités depuis près de dix ans.”

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Fernand Cello vivait en clandestinité depuis l’émission d’un mandat d’arrêt le 5 octobre 2023 pour avoir publié une information erronée affirmant que le Premier ministre, le ministre de la Communication et le président de la Haute Cour constitutionnelle avaient “pris la fuite” vers la France, une déclaration pour laquelle il avait publié un démenti et s’était excusé. 

Peu avant son arrestation, le journaliste d’investigation avait relayé sur sa page Facebook les critiques visant Madagascar dans le cadre de son examen périodique universel (EPU) par les Nations unies. Il avait également alerté sur un possible détournement de fonds de l’Union européenne pour la construction d’une autoroute et dénoncé des cas de corruption lors de l’élection du bureau du conseil municipal d’Antananarivo.

Fernand Cello est dans le viseur des autorités depuis près de dix ans. Après un raid de l’armée contre son média de l’époque, Radio Jupiter, en décembre 2016, le journaliste d’investigation avait été contraint à la clandestinité. Arrêté en mai 2017 et condamné à deux ans de prison avec sursis quatre mois plus tard, il avait finalement été acquitté par la cour d’appel de Fianarantsoa en avril 2019.

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